Le président de l’Assemblée nationale centrafricaine, Karim Meckassoua, a été destitué vendredi soir par les députés avec 98 voix sur 140.
98 députés ont voté pour sa destitution, 41 contre et un député s’est abstenu, a constaté l’AFP à 18H00 (17H00 GMT), après plusieurs heures de débat à l’Assemblée.
M. Meckassoua est le député du troisième arrondissement de la capitale Bangui, qui comprend le PK5, le quartier abritant la majorité des musulmans de Bangui.
Après le déferlement de haine entre rebelles de la coalition Séléka à dominante musulmane et groupes antibalaka prétendant défendre les chrétiens à partir de 2013, son élection au perchoir en 2016 était apparu un symbole de réconciliation en Centrafrique, dirigée par un chrétien, Faustin-Archange Touadéra.
Mais dans ce pays où l’influence politique reste en partie communautaire, les relations entre les deux hommes n’ont jamais été bonnes. En 2017, des rumeurs de coups d’Etat avaient circulé, des proches de M. Touadéra n’hésitant pas à accuser publiquement M. Meckassoua.
En mars, un proche du président Touadéra avait été élu vice-président du Parlement: une volonté, selon les observateurs à l’époque, de saper l’autorité de M. Meckassoua.
Mardi, plus de 400 personnes, dont de nombreux habitants du PK5, ont manifesté du PK5 jusqu’au quartier général de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca, 13.000 Casques bleus) pour protester contre la procédure de destitution du président de l’Assemblée.
Celle-ci a été lancée mi-octobre par une pétition, signée par 95 députés sur 140.
Selon le règlement de l’Assemblée, après réception de la pétition, un vote devait avoir lieu et recueillir au moins les 2/3 des voix des députés, soit 93, pour que M. Meckassoua soit destitué.
Il était accusé par ses détracteurs d’avoir « confisqué des dossiers essentiels pour les députés », selon Mathurin Dimbélet Makoé, 2e vice-président de l’Assemblée, évoquant mi-octobre devant la presse une « opacité dans la gestion des finances » de l’Assemblée, notamment.
Selon plusieurs députés interrogés par l’AFP, la pétition et la tentative de destituer M. Meckassoua pourraient avoir été pilotées par la présidence centrafricaine, qui souhaiterait placer un de ses fidèles à la tête de l’Assemblée.
En Centrafrique, l’Etat ne contrôle qu’une petite partie du territoire: depuis 2013, la quasi-totalité de celui-ci vit sous la coupe de groupes armés, dans un pays de 4,5 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres au monde mais riche en diamants, or et uranium.
Avec AFP