La quasi-totalité des quartiers périphériques de Conakry a été la proie d’affrontements entre manifestants et policiers.
Une personne a été tuée, lundi 14 octobre, à Conakry, en Guinée, dans les heurts survenus dans plusieurs quartiers entre les forces de sécurité massivement déployées et des milliers d’opposants à un troisième mandat de l’actuel président Alpha Condé.
La quasi-totalité des zones périphériques de la capitale a été la proie d’affrontements entre petits groupes éclatés dressant des barricades, incendiant des pneus, lançant des pierres, et policiers et gendarmes répliquant par des tirs de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes, mais aussi à balle réelle, a rapporté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP).
Le centre, siège de la présidence, des ministères et des ambassades, placé sous protection, présentait un air de ville fantôme avec ses magasins fermés.
Protestations et répressions violentes
Dès les premières heures de cette journée à hauts risques dans un pays coutumier des protestations et des répressions violentes, des centaines de gendarmes et policiers se sont employés à éteindre le moindre foyer de contestation. « Il faut les empêcher de se rassembler, aucun attroupement n’est autorisé », criait sur un ton menaçant un des officiers dirigeant l’opération. Les troubles ont néanmoins agité les faubourgs.
Un adolescent de 16 ans a été tué et quatre personnes gravement blessées par des tirs des forces de l’ordre dans le quartier de Sonfonia Gare, a rapporté à l’AFP le docteur Bella Diallo qui les a fait évacuer. Aucune confirmation du décès n’a été obtenue de la police. Deux autres jeunes ont été blessés par balle dans un autre quartier, Wanindara, ont fait savoir deux journalistes et un médecin s’exprimant sous couvert d’anonymat pour leur sécurité.
Dérive « dictatoriale » de Condé
La tension n’a cessé de monter depuis l’appel à la manifestation lancé il y a une semaine par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Cette coalition rassemblant des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile s’oppose farouchement à une révision de la Constitution évoquée par le pouvoir.
Elle permettrait à Alpha Condé, 81 ans, de se présenter fin 2020 pour un troisième mandat, alors que la Constitution en limite actuellement le nombre à deux. L’opposition s’attend à ce qu’il officialise bientôt la tenue d’un référendum constitutionnel. Fin septembre, il avait demandé aux Guinéens de s’y « préparer ».
L’opposition dénonce un projet de coup d’Etat institutionnel et la dérive « dictatoriale » de celui qui fut lui-même un opposant historique ayant connu la prison pour son engagement contre différents régimes autoritaires, avant de devenir le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest.