Face à une croissance qui va être contrariée par la crise du Covid-19, le gouvernement a décidé de prendre des mesures économiques pour compenser les pertes.
C’est une première depuis des années en Côté d’Ivoire. Habitué à des chiffres de croissance dépassant les 7 %, le pays devra cette année faire avec une très forte baisse. « Notre croissance économique, estimée à 7,2 % pour l’année 2020, serait réduite de moitié à 3,6 %, dans l’hypothèse d’une maîtrise de la pandémie fin juin », a déclaré le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly mardi soir dans une allocution télévisée. En cause, comme partout ailleurs dans le monde : l’épidémie de Covid-19 qui touche en Côte d’Ivoire « de nombreux secteurs clés de l’économie », a reconnu le Premier ministre. Même si le nombre de cas reste encore faible – on compte jusqu’ici 179 contaminations officielles, dont un décès –, le pays est tout de même impacté, comme tous les États africains riches en ressources naturelles par une forte baisse de la demande et du prix des cours.
Du soutien à l’industrie…
Alors, pour appréhender le choc, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle, le gouvernement s’arme. Il lance un plan de soutien « économique, social et humanitaire » d’un montant de « 1 700 milliards de francs CFA » (2,6 milliards d’euros), soit « environ 5 % du PIB » ivoirien, a fait savoir Amadou Gon Coulibaly, candidat désigné par le RHDP au pouvoir pour succéder à Alassane Ouattara. De nombreuses mesures de soutien aux entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises et celles du secteur informel, sont prévues. Parmi elles, la suspension du paiement de taxes, d’impôts, et de charges sociales. Un fonds de soutien spécifique pour les grandes cultures agricoles d’exportation est également au programme. Les producteurs d’hévéa, de noix de cajou ou encore de cacao – dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial – en seront les bénéficiaires.
… comme aux populations
Outre les acteurs de l’économie ivoirienne, le plan de soutien contient également des mesures pour les populations les plus pauvres. Car la forte croissance observée ces dernières années n’a pas profité à tout le monde. La pauvreté dans le pays touche encore 47 % de la population. Les conséquences d’une crise économique sur cette population, déjà très vulnérable, pourraient être dramatiques. Avec son plan de soutien, le gouvernement s’engage notamment à prendre en charge des factures d’électricité et d’eau, via le financement d’un « fonds de solidarité » de 170 milliards de FCFA. « Cela concerne plus d’un million de ménages, soit environ six millions de nos concitoyens » (sur une population totale de 26 millions d’habitants), a précisé le Premier ministre, qui a rappelé : « C’est en étant disciplinés, vigilants et solidaires qu’ensemble nous arriverons à bout de cette pandémie. »