Félix Tshisekedi a accordé une grâce présidentielle à toutes les personnes condamnées dans le cadre du procès pour le meurtre de Laurent-Désiré Kabila, en 2001. Le colonel Eddy Kapend et ses coaccusés, incarcérés depuis 15 ans, vont être remis en liberté.
C’était pourtant l’une des lignes rouges que son successeur, Joseph Kabila, avait imposées à Félix Tshisekedi : la relaxe des 28 condamnés (39 à l’origine, 11 étant décédés en détention) dans le procès pour l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001.
Derrière les barreaux depuis 2001, Eddy Kapend, ancien chef d’état-major de l’armée, Nono Lutula, ex-conseiller spécial à la sécurité du « Mzee », Georges Leta, ex-patron de l’Agence nationale de renseignement, ainsi que les autres condamnés toujours détenus vont cependant bientôt quitter les murs de la Makala, la prison centrale de Kinshasa, et recouvrer la liberté.
Jeudi 31 décembre, le président Félix Tshisekedi a en effet accordé une remise totale de la peine restant à exécuter à toute personne condamnée dans ce dossier par la cour d’ordre militaire, dans son arrêt du 7 janvier 2003.
Prisonniers politiques
Le colonel Eddy Kapend et ses coaccusés, qui ont toujours nié leur implication dans l’assassinat de l’ancien président congolais, père de Joseph Kabila, avaient initialement été condamnés à la peine de mort. Peine capitale qui avait, par la suite, été commuée en peine de prison à perpétuité.
Considérés comme des prisonniers politiques par plusieurs ONG, dont la Fondation Bill Clinton pour la paix, Kapend et ses coaccusés étaient, selon leurs familles, dans une situation difficiles depuis plusieurs années. Physiquement diminués, ils peinaient aussi sur le plan financier, alors que, dans la prison de Makala, les détenus doivent subvenir eux-même à leurs besoins, qu’il s’agisse de la nourriture ou des soins.
Mesures de grâces pour de nombreux détenus
Ils n’ont pas été les seuls à bénéficier de mesures de grâce présidentielle. L’ordonnance présidentielle rendue publique dans la nuit du 31 décembre au 1 er janvier précise également que les condamnations à la peine capitale sont toutes commuées en peine de prison à perpétuité. De même, les peines de prison à perpétuité sont commuées en peines de 20 ans de réclusion.
Des remises de peines ont également été accordées à toute les personnes condamnées à 5 ans ou moins de servitude pénale ou des travaux forcés – les travaux forcés, qui existent formellement dans le droit congolais, ne sont plus appliqués et se traduisent par des peines de prison.
Crimes contre l’humanité et corruption exclus de la grâce
Autant de décisions justifiées, dans l’ordonnance présidentielle, par la volonté de « marquer d’un caractère particulier d’humanité, du pardon, de justice et de réconciliation nationale » la perspective d’une « participation active de toutes les filles et fils du pays au prochaines réformes initiées parlé chef de l’État ».
L’ordonnance précise cependant que ces mesures ne s’appliqueront pas aux « fugitifs » et aux détenus condamnés pour crime contre l’humanité, corruption, détournement des deniers publics et violence sexuelle.