Le verdict est tombé tard dans la nuit du jeudi (18 janvier 2018): Moïse Lida Kouassi, ex-ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, et trois autres co-accusés, tous des anciens militaires ayant servi dans l’armée restée fidèle à l’ancien pouvoir, lors de la crise post-électorale de décembre 2010 à avril 2011, ont été condamnés à quinze ans de prison ferme.
Après l’ouverture de leur procès en assises lundi 15 janvier, Moïse Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, et trois autres co-accusés militaires ont été condamnés ce jeudi 18 janvier à 15 ans de prison ferme. Ils étaient poursuivis pour « complot contre l’autorité de l’État ».
Dans son arrêt, la cour a déclaré « Gnatoa Katé Paulin, Zadi Gbaka Samuel, Lida Kouassi Moïse, Brou Serge Pacôme Durand alias Stone, coupables d’avoir à Abidjan, courant année 2012, formé un complot ayant pour but de détruire ou de changer le régime constitutionnel suivi d’un acte, ou commencé par en préparer l’exécution ».
De fait, l’acte d’accusation précisait que « dans le courant du mois de février 2012, la Direction de la surveillance du territoire (DST) recevait une information faisant état de la préparation d’un projet de déstabilisation du régime actuel [du président Alassane Ouattara, ndlr] par des officiers de l’armée en exil au Ghana, constitués en une plateforme militaire, avec l’implication de certains civils et hommes politiques proches de l’ex-président de la République [Laurent Gbagbo, ndlr] ».
La cour s’est appuyée sur les déclarations des accusés qui avaient reconnu l’existence de cette plateforme militaire formée à Accra (Ghana). Des notes manuscrites, en rapport avec un plan de « communication de crise » et un « tableau de bord de transition », dont la mission était la mise sur pied d’un gouvernement civilo-militaire en Côte d’Ivoire, avaient été retrouvées au domicile de Lida Kouassi à Lomé (Togo), le jour de son arrestation, le 7 juin 2012.
Manifestement, la cour a jugé la ligne de défense de l’ancien ministre et ponte du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo) non convaincante. En effet, celui-ci avait indiqué à la barre, que « c’étaient des prises de notes. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas un pouvoir et que l’on écrit que l’on devient automatiquement un putschiste ».
Alors que Me Coulibaly Soungalo, représentant les intérêts de l’État ivoirien, relevait que ces documents étaient bien « la preuve que Lida Kouassi a bien pris une part active au complot militaire finalement avorté ».
Quant à Me Félix Bobré, qui défend Lida Kouassi depuis plusieurs années, il a annoncé qu’il ferait appel de ce verdict, dénonçant un procès politique, qui « n’avait d’autre but que de solder le compte de Laurent Gbagbo mais par Lida Kouassi interposé ».
Moïse Lida Kouassi avait été arrêté à Lomé où il s’était enfui, après la chute de Laurent Gbagbo, en avril 2011, alors qu’il était visé par un mandat d’arrêt international. Extradé à Abidjan, il avait été détenu pendant plusieurs mois à la DST, avant de bénéficier d’une mise en liberté provisoire et d’être à nouveau arrêté, fin octobre 2014. Contrairement à d’autres pontes (Hubert Oulaye, Gilbert Aké N’Gbo, Désiré Dallo) du régime Gbagbo récemment condamnés à vingt ans de prison, sans mandat de dépôt, Lida Kouassi est retourné en prison, tout comme ses co-accusés.
Jeune Afrique