Plus d’une décennie après la crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire tente encore de refermer les plaies d’un conflit qui a profondément marqué son histoire. Mais une question persiste, tenace, dérangeante, où en est la justice internationale ?
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été définitivement acquittés par la Cour pénale internationale (CPI). Après des années de procédure, la juridiction de La Haye a conclu à la reconnaissance de leurs innocences pour ce qui leur était reproché. Ce verdict aurait pu marquer un tournant celui d’une justice élargie, impartiale, tournée vers l’ensemble des responsabilités, y compris celles du camp aujourd’hui au pouvoir.
Mais depuis, c’est le silence radio. Aucune mise en cause, aucune audition, aucune avancée tangible. La CPI, si prompte à ouvrir une enquête en 2011, semble aujourd’hui frappée d’une étrange paralysie. Pourquoi cette inertie ? Pourquoi cette asymétrie dans le traitement des responsabilités ?
Le contraste est saisissant. La célérité avec laquelle la Cour s’était saisie du dossier Gbagbo tranche avec la lenteur de ses démarches envers les autres protagonistes du conflit. Et pourtant, la CPI elle-même avait reconnu que des crimes avaient été commis par toutes les parties. Alors, pourquoi ce mutisme prolongé ?
La Côte d’Ivoire mérite mieux. Les victimes, toutes les victimes, méritent que justice soit rendue, sans distinction de camp, de grade ou d’allégeance. La réconciliation véritable ne peut s’enraciner dans l’oubli, mais dans la reconnaissance équitable des responsabilités.
Il est temps que la CPI sorte de son silence. Qu’elle dise clairement si elle entend poursuivre les enquêtes ou si elle y a renoncé. Et si tel est le cas, qu’elle ait le courage de l’assumer publiquement.
Car une justice différée est une justice niée. Et aucun pays ne peut bâtir une paix durable sur une mémoire tronquée.
J P Oro


















