Des microplastiques sont présents dans le sel de table, selon une étude coréenne réalisée en collaboration avec Greanpeace Asie de l’Est. Une vingtaine de pays, dont le Sénégal, sont concernés par cette enquête internationale dont la conclusion est alarmante.
La pollution par les plastiques a une conséquence directe sur notre alimentation. Beaucoup de ce que nous ingérons – fruits de mer, produits issus de la faune, eau du robinet et aujourd’hui le sel – contiennent des plastiques que l’on retrouve évidemment dans les selles humaines.
«Si la consommation de sel par jour est de 10 grammes, le consommateur adulte moyen pourrait ingérer environ 2.000 microplastiques (petites particules de plastique, NDLR) par an» rien qu’en consommant du sel, selon une étude coordonnée par le professeur Kim Seung-Kyu de l’université d’Incheon (Corée du Sud) et Greenpeace Asie de l’Est. De fait, «plus de 90% des marques de sel échantillonnées dans le monde contiennent des microplastiques», indique un communiqué.
Au total, 39 marques de sel de table ont été collectées dans les supermarchés de 17 pays différents sur quatre continents entre janvier et septembre 2017. Mais les échantillons proviennent au total de 21 pays «car certains échantillons ont bien été achetés dans le même pays ou la même région (leur lieu de consommation) mais sont originaires d’un pays ou d’une région différente (leur lieu de production)», explique à Géopolis Mikyoung Kim, de Greenpeace Asie de l’Est.
Les pays africains doivent prendre le «problème au sérieux»
Au Sénégal, un pays bordé par l’océan Atlantique et qui abrite de nombreux sites de production de sel, «l’échantillon analysé présente 48 microparticules par kilogramme. Ce qui classe les marques sénégalaises à la 19e place sur 28», indique Mikyoung Kim. Le sel commercialisé en Indonésie, qui est à la tête du classement, contient 13.629 microparticules par kilogramme.
Les résultats de cette recherche suggèrent que la contamination en microplastiques du sel marin est un indicateur de la pollution de l’eau de mer par le plastique. Le sel de mer où l’on retrouve le plus de microplastiques est principalement produit sur les côtes de l’Asie de l’Est et du Sud. Plus les fleuves sont pollués par les plastiques, résume Mikyoung Kim, «plus la pollution de l’eau de mer est importante, et plus la pollution du sel marin est importante».
Classement des marques de sel commercialisées selon leur concentration en microplastiques © Greenpeace
«Avec des échantillons également prélevés au Sénégal,
note le communiqué, l’étude met en évidence le fait que la pollution par les plastiques est une crise mondiale et que l’Afrique, en particulier, doit prendre ce problème au sérieux, car l’écosystème et la santé humaine dans les mers africaines pourraient potentiellement être plus menacés à cause de la gravité de la pollution des microplastiques en milieu maritime.»
Awa Troaoré, chargée de campagne Océans à Greenpeace Afrique, plaide pour «la mise en œuvre effective des lois interdisant le plastique à usage unique dans les pays africains, et pas seulement des engagements forts des gouvernements».
Par ailleurs, souligne-t-elle, «il est clair qu’il n’est plus possible d’échapper à cette crise du plastique, alors qu’il continue de se déverser dans nos cours d’eau et nos océans. Nous devons stopper la pollution plastique à sa source. Ainsi, nous en appelons à la responsabilité des grandes entreprises dans cette crise. Ces dernières doivent réduire leur empreinte plastique et s’attaquer au problème qu’elles ont créé».