Cinq pays africains ont participé, au titre d’invités, au sommet des pays industrialisés qui s’est achevé lundi à Biarritz. Explications
L’influence chinoise a dépassé celle de la France en Afrique. Mais l’Elysée n’a pas dit son dernier mot et travaille ses alliances de revers. Elle tente d’accroître l’engagement de ses alliés (Etats-Unis, Allemagne, Canada, Japon), prêts à se battre contre la progression de la sphère d’influence chinoise. Paris s’appuie aussi sur ses partenaires historiques africains, tout en cherchant de nouveaux leviers d’influence au Sud et à l’Est. Emmanuel Macron a récemment fait nommer deux proches camarades de la promotion Senghor de l’ENA, à Pretoria et à Kampala.
Le choix des cinq invités africains à Biarritz a reflété cet équilibre subtil et pensé. Comme la Chine, la France joue la carte du panafricanisme et des leaders des organisations régionales. D’où la présence de l’Egyptien, Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine et partenaire des projets euroméditerranéens, ainsi que du Sénégalais Macky Sall, président du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad, agence de projets). Car, si la Chine rafle les principaux marchés d’infrastructures sur le continent, notamment dans le cadre de son initiative Une ceinture, une route, Paris compte y regagner des parts de marché, notamment autour de l’aménagement urbain (eau, assainissement, transport…).
Portes d’entrée. Dakar a été historiquement l’une des portes d’entrée de l’expansion française en Afrique occidentale. Paris y a aussi installé une base miliaire, très utile pour les troupes qui partent en mission sur le continent. Pas question de laisser ce pays passer dans l’orbite chinoise alors que le pays s’apprête à disposer de nouveaux revenus avec la mise en exploitation de champs d’hydrocarbures. Mais Xi Jinping est à l’affût. Il était en juillet 2018 à Dakar, ville choisie pour accueillir le prochain sommet sino-africain des dirigeants en 2021.
Le choix de faire participer le Burkinabé Roch Kaboré tient, lui, plus à l’influence militaire française. Ce dernier assure la présidence du G5 Sahel, organisation régionale de lutte contre le terrorisme. Le Burkina a rompu ses relations diplomatiques avec Taïwan au profit de la Chine en mai 2018. Depuis, les visites d’hommes d’affaires et d’officiels chinois se succèdent à Ouagadougou. Pékin lorgne les mines du nord et pourrait financer une ligne ferroviaire entre Accra et Ouagadougou, concurrente du train Abidjan-Ougadougou, concédé au groupe Bolloré.
Au Sud, l’Elysée fait la cour à Cyril Ramaphosa. A Biarritz, Macron a eu un entretien le nouveau président sud-africain chez qui il se rendra début 2020. Objectif : gagner de l’influence au sein de la première économie africaine, partenaire stratégique de Pékin. Et à l’Est, où la Chine multiplie les infrastructures et a implanté une base militaire concurrente à Djibouti, la France mise sur la réconciliation avec l’homme fort du Rwanda, Paul Kagame, pour faire avancer plusieurs chantiers (nouvelles technologies, sécurité). Elle a récemment ouvert ses archives sur le génocide comme preuve de sa bonne foi et a confié les rênes de la Francophonie à Louise Mushikiwabo, très proche de Kagamé.