C’est en grande pompe que le Kenya a célébré sa première exportation de pétrole de l’histoire.
200 000 barils chargés au port de Mombasa à destination de la Malaisie. Du pétrole issu d’un gisement situé dans le Turkana, une région aride dans le nord-ouest du pays, renommée pour son immense lac. Quand la pleine capacité sera atteinte, en 2022, le Kenya exportera 100 000 barils par jour cette fois ! Et cela pendant vingt ans environ, durée estimée des réserves.
Voilà donc le pays entré dans le cercle des pays pétroliers, avec tous les espoirs que cela comporte. Le 26 août 2019, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, était présent à la cérémonie d’inauguration. « Il y a des moments particuliers qui marquent un tournant dans le destin de notre nation », a-t-il déclaré lors de la cérémonie. « La première exportation de pétrole brut par notre nation est un de ces moments particuliers dans notre histoire ».
Premier client: une compagnie chinoise
Ainsi, nous dit la presse locale, cette première livraison a été facturée sur la base d’un baril à 60 dollars, soit 12 millions de dollars la cargaison. Un pétrole très demandé, selon le ministre kényan des hydrocarbures, John Munyes. Pas moins de huit firmes internationales ont soumissionné. Et c’est une compagnie chinoise qui a emporté le marché pour livrer la Malaisie.
Ce n’est qu’un début. Pour l’instant le pétrole est acheminé vers le port par camion. Selon nos calculs, il a fallu 1000 camions pour acheminer la cargaison. Une montée en puissance est impossible dans ces conditions. La construction d’un oléoduc sur près de 900 km est en cours, et est indispensable pour atteindre les volumes annoncés d’exportation.
Le président Uhuru Kenyatta a également promis de veiller à une juste répartition des richesses.
Partager les richesses
« Le gouvernement veillera à ce que les communautés locales bénéficient du pétrole et à ce que les fruits de la ressource soient également partagés de manière équitable et durable. J’exhorte tous les responsables à éviter toute utilisation abusive de la ressource qui priverait les autres de son avantage », a-t-il ajouté.
Un partage annoncé par le président : 75 % pour l’Etat, 20 pour la Région et 5 pour la communauté locale. Uhuru Kenyatta est bien conscient de la chance mais aussi des menaces que représente ce pétrole. « Les économies qui n’ont pas assuré ce partage des revenus ont souffert. Des frères se sont battus contre des frères. Des mères ont dû enterrer leurs enfants. J’espère que nous ferons du pétrole une bénédiction et pas une malédiction ».
Il faut dire que ce juste partage a été au cœur des désaccords qui ont retardé la mise en route du programme.
Espoirs en mer
Et ce n’est peut-être pas fini. D’autres gisements de pétrole sont possibles en mer. Des explorations sont actuellement menées, tandis qu’un contencieux oppose le Kenya à la Somalie sur leurs frontières maritimes. Dans quelques jours, la Cour internationale de justice rendra sa décision. Si le Kenya obtient satisfaction, c’est une immense Zone économique exclusivequi s’ouvrira à la prospection, et peut-être à la richesse.