« Je trouve que ce qui s’est fait à Abidjan a été une honte pour la Côte d’Ivoire. C’est vraiment une honte. Vous allez casser un village ? On est où là ? On est dans quoi là ? On est où ? Moi, je suis arrivé à Abidjan en 1962. Ce village était là. Anono était là où il est. Abobo baoulé était là. Et aujourd’hui, ce village non seulement n’a plus de terre, parce qu’on leur a pris toute leur terre, mais eux-mêmes, ils ne sont plus rien. On leur a dit de quitter. Et on vient le matin, on casse ce village-là ». Ces propos sont des extraits du discours que Laurent Gbagbo a prononcé le samedi 01 mars 2025 dernier à Angré, un quartier de la commune de Cocody.
Il dénonçait ainsi la politique de rasage des quartiers et villages de la capitale économique. Villages dont l’histoire existe avant la naissance de la ville d’Abidjan. Cette dénonciation est toute aussi évidente que plus loin, l’ancien président de la République s’emporte et rejette du revers de la main, de cette politique qui « chosifie » l’homme. « Je ne suis pas d’accord. Et je le répète, je ne peux pas être d’accord avec les mesures qui déshumanisent les hommes. Mais ils vont aller où, maintenant ? Les gens d’Adjamé, ils vont aller où ? Je leur ai dit que leur sort leur appartient parce que quand vous allez faire de moi président de la République, je reconstruirai le village ». Cette sortie, à l’instar des autres va à n’en point douter provoquer des urticaires au sein des barons du parti au pouvoir.
Comme à leurs habitudes, ils n’hésiteront pas à répliquer avec la verve que l’on leur reconnaît. Lorsque Laurent Gbagbo a parlé en début d’année de la « Digba dette » du régime, les répondeurs automatiques n’avaient pas hésité à sortir de leurs gonds pour raconter des choses que les observateurs et autres analystes politiques avaient qualifiées d’inepties. Pour eux, il était question de rétablir une certaine vérité. Et pourtant, les Ivoiriens dans leur majorité avaient adopté compris Laurent Gbagbo qui, selon eux, venait de traduire leur pensée en parole. La question liée aux déguerpissements et à la destruction sauvage des villages est perçue comme une grave injustice qui frappe les Ivoiriens.
Les populations se disent étouffées. Elles ne peuvent qu’être d’accord avec un homme qui pleure avec eux. Des pleurs qui n’arrangent pas du tout le régime qui va vouloir encore réagir. Ils brandiront, sans doute, les réalisations pharaoniques de Ouattara. Et pourtant, toutes les opinions sont unanimes pour affirmer que ces réalisations portent les couleurs d’une méchanceté politique qui ne tient pas compte de l’existence des hommes. C’est dire que la réaction que les barrons du régime préparent dans les coulisses après le meeting du PPA-CI du samedi 01e mars risque d’être un coup de marteau sur leur propres têtes.
Gobson Zago