Le président du Bénin a été réélu avec 86 % des voix, dès le premier tour de l’élection, et compte maintenir le rythme de ses réformes.
Au cours de son mandat, Patrice Talon avait annoncé qu’il prenait le risque d’être impopulaire à cause de ses réformes. Il n’a pris aucun risque concernant sa réélection. Le président du Bénin a facilement remporté l’élection présidentielle avec 86 % des voix, face à deux anciens députés, Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, inconnus ou presque et de la même tendance politique que lui.
Elu en 2016, il s’était engagé à ne faire qu’un seul mandat. Il se retrouve pourtant à la tête du Bénin pour la deuxième fois. Son premier défi sera de rassembler et d’apaiser les vives tensions apparues lors de la campagne électorale. Les ténors de l’opposition ont été empêchés de concourir, pour certains contraints à l’exil ou incarcérés. Et la semaine passée, des violences, inhabituelles dans un pays réputé pour sa stabilité et sa vigueur démocratique, ont fait au moins deux morts.
Le déroulement du scrutin pose aussi question. D’après la Commission électorale nationale autonome (Cena), 16 arrondissements sur 546 n’ont pas pu voter, dimanche 11 avril, essentiellement dans les localités du centre nord du pays, où se concentrent les fiefs historiques de l’opposition. Des vidéos ont également circulé montrant des irrégularités : bourrage d’urne, émargements multiples…
« Dérive autoritaire »
L’opposition, qui avait lancé un appel au boycott du scrutin, a été suivie. Le taux de participation est annoncé à 50,17 %, contre 65 % en 2016 – la Cour constitutionnelle doit encore valider les résultats. Les observateurs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont dit avoir constaté « un faible taux de participation des électeurs », suivi « d’une légère amélioration », et ceux de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ont noté une « mobilisation des électeurs relativement faible ».
Le Bénin est pointé du doigt par les ONG de défense des droits humains qui déplorent, comme Amnesty International, « une dérive autoritaire » et « des emprisonnements d’opposants, de blogueurs et de journalistes ». « Autour du président, il y a de l’admiration et des gens qui sont persuadés de modifier le pays dans le bon sens, confie un observateur de la scène politique. Cela les conduit à être doctrinaires. Le président va t-il trop loin dans cette sévérité ? C’est une question de curseur mais on ne peut nier que le style est brutal. »