C’est désormais acté. Les passeports AES délivrés par le Mali peuvent à présent être utilisés pour voyager en Europe. Selon nos informations, confirmées par une source diplomatique à Bamako, les ambassades européennes ont validé début avril l’authenticité et la conformité de ce nouveau document de voyage, ouvrant ainsi la voie à son acceptation dans tout l’espace Schengen. Une décision très attendue, qui met fin à plusieurs semaines d’incertitude.
Depuis le 29 janvier, date de la mise en circulation du passeport AES par les autorités maliennes, les chancelleries occidentales rechignaient à l’accepter. En cause, l’envoi tardif du spécimen requis. Comme l’avait révélé Jeune Afrique, les exemplaires témoins n’ont été transmis aux représentations étrangères à Bamako que le 10 mars, soit plus d’un mois après leur diffusion.
Fabriqués par une société française
« Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale […] présente ses compliments aux missions diplomatiques et postes consulaires au Mali et a l’honneur de leur faire parvenir les spécimens physiques du passeport biométrique (AES) de la république du Mali (ordinaire, diplomatique et de service) », peut-on lire dans la correspondance adressée le 10 mars par le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, aux missions diplomatiques.
Malgré les tensions persistantes entre le Mali et la France, la procédure de reconnaissance s’est poursuivie, notamment via les services du ministère de l’Intérieur français et les autorités belges. « Le dossier a été examiné dans le cadre d’une coordination entre les États Schengen, avant d’être approuvé », confie la source diplomatique précitée.
Cette affaire a permis de dévoiler, que les passeports « souverainistes » de l’AES sont fabriqués par la société française Idemia. L’entreprise, qui entretient des relations houleuses avec Bamako depuis plusieurs années, en produit entre 12 000 et 16 000 par mois pour le compte de l’État malien. Un contrat, signé en 2015, lie les deux parties jusqu’à la fin 2025. Malgré les contentieux judiciaires et les accusations publiques, les deux camps maintiennent leur collaboration.
