Les présidents guinéen et ivoirien se rendront le 15 août à Saint-Raphaël pour assister aux commémorations du 75e anniversaire du débarquement de Provence
LES FAITS – Faisant une pause dans ses vacances passées au fort de Brégançon, le président de la République, Emmanuel Macron, se rend le 15 août aux cérémonies du 75e anniversaire du débarquement en Provence. Une rencontre où il rendra hommage à la mémoire des soldats venus d’Afrique pour la Libération en présence des chefs d’Etat guinéen et ivoirien.
Alpha Condé et Alassane Ouattara aux côtés d’Emmanuel Macron et de Nicolas Sarkozy pour célébrer les 75 ans du débarquement de Provence : la scénographie ne manque pas d’intérêt pour cette cérémonie commémorative à laquelle François Hollande n’a pas voulu se joindre. L’invitation de chefs d’Etat africains à cet évènement est inscrite dans la tradition française. Lors du 50e anniversaire, 18 pays africains avaient été représentés ; pour le 60e, une quinzaine de chefs d’Etat d’Afrique noire et du Maghreb avaient fait le déplacement. Ces anniversaires permettent de saluer la mémoire des soldats d’horizons divers morts pour la Libération.
Le 15 août 1944, le débarquement allié débutait en Provence après celui de Normandie. Près de 350 000 combattants américains et français, partis d’Afrique du Nord, de Corse et d’Italie du Sud, participaient à la reconquête dont 235 000 combattants des forces françaises, composées à 90 % de troupes coloniales. Parmi elles, les tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles allaient participaient l’opération « Dragoon ». Ces forces françaises étaient alors dirigées par le général de Lattre de Tassigny.
La cérémonie de jeudi aura lieu en fin de matinée, à la nécropole nationale de Boulouris, près de Saint-Raphaël, où reposent 464 combattants. Elle sera suivie d’un déjeuner offert par le chef de l’Etat français. Selon l’Elysée, il n’y a pas de tête à tête prévu avec ses homologues africains mais « des apartés sont évidemment toujours possibles ». Un conseiller du chef de l’Etat guinéen précise qu’Alpha devrait s’entretenir avec Emmanuel Macron.
Ira, ira pas ? En Guinée comme en Côte d’Ivoire, deux anciennes colonies françaises, la situation politique se tend à l’approche des présidentielles, prévues en 2020 dans les deux pays. Ni Alassane Ouattara ni Alpha Condé ne peuvent théoriquement prétendre à un troisième mandat. Mais le premier a fait adopter une nouvelle Constitution en 2016 (sans modifier le verrou des deux mandats) et le deuxième a enclenché un processus similaire qui n’a pas encore pas abouti. Prétextant que les nouvelles constitutions remettent à zéro les compteurs, les proches des deux chefs d’Etat arguent que leurs champions ont la possibilité de se représenter devant les électeurs. Ce que craignent les oppositions dans les deux pays.
A l’occasion de la visite d’Alpha Condé en France, le Front national de la défense de la constitution, invite les Guinéens d’Europe à manifester contre tout changement constitutionnel perçu comme une manière de pérenniser le pouvoir du chef de l’Etat. L’opposition ivoirienne, en pleine recomposition, est aussi opposée à un troisième mandat du président Ouattara et lui promet une rentrée chaude en septembre. Ce dernier a laissé planer le doute sur ses intentions lors d’une interview à la RTI, le 6 août, à la veille de la fête de l’Indépendance. « Je ferai savoir (ma décision) en 2020… Je vais prendre ma décision au moment opportun et sur la base de ce que mon parti me dira de faire », a-t-il affirmé.
A l’Elysée comme au Quai d’Orsay, les candidatures des partenaires ivoirien et guinéen à un troisième mandat représenteraient un grand danger pour la stabilité de leurs pays.
Ironie de l’histoire, ces deux chefs d’Etat sont arrivés au pouvoir grâce un coup de pouce de Nicolas Sarkozy en 2010 et 2011. L’ancien président français, aujourd’hui VRP de grands groupes français, continue d’entretenir de bonnes relations avec les deux présidents africains. Leur glissera-t-il de sages conseils sur les perspectives offertes par la vie après le pouvoir…