La question est sur toutes les lèvres alors que Faure Gnassingbé était hier à Bamako « pour une visite de travail de 24 heures, essentiellement consacrée au sort des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis maintenant près de six mois. Selon Jeune Afrique le chef de l’État togolais prendra ensuite la direction de la Côte d’Ivoire, où il doit rencontrer Alassane Ouattara. Depuis leur condamnation, le 30 décembre, à vingt ans de prison pour, entre autres, « attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l’État », l’enjeu est désormais de savoir si le président de la transition malienne, Assimi Goïta, acceptera de leur
Abidjan échaudé et prudent…
Et Jeune Afrique de rappeler qu’un « mémorandum d’entente entre les deux pays avait été signé courant décembre » pour la libération des 46 soldats. Et « si personne, à Abidjan, n’a été surpris de voir les soldats comparaître le 29 décembre devant la Cour d’assises de Bamako, les autorités ivoiriennes sont tombées des nues en découvrant son lourd verdict, et tout particulièrement le sort réservé aux trois femmes », qui avaient été libérées en septembre et qui ont été condamnées à mort par contumace. « Alassane Ouattara aurait été particulièrement affecté par le non-respect de la promesse malienne, croit encore savoir le site panafricain. Échaudé par ce nouveau contretemps, Abidjan se montre désormais extrêmement prudent. Certaines sources caressent tout de même l’espoir de voir les soldats libérés dans les prochains jours, peut-être même d’ici à la fin de la semaine. »
« Chou blanc ou fumée blanche ? »
« Vers une grâce présidentielle pour les soldats ivoiriens ? », s’interroge en écho Maliweb à Bamako. « Face à ce qui ressemble fort à un blocage, la grâce présidentielle reste le seul espoir des partisans d’une solution négociée », pointe le site malien.
« Chou blanc ou fumée blanche ? », s’interroge également le journal en ligne Malikilé. « La visite, au Mali, du président de la République du Togo est un indice qui nourrit beaucoup d’espoir du côté de la lagune Ebrié et dans certains palais présidentiels de l’espace Cédéao. » Malikilé qui reste dans l’expectative : « La visite de Faure Gnassingbé est-elle une chance pour un dénouement heureux de cette crise Mali-Côte d’Ivoire ? Va-t-elle accélérer la décision du président de la transition d’accorder la grâce présidentielle aux militaires ivoiriens ? Ou au contraire faudra-t-il encore attendre longtemps ? »
La presse ivoirienne en est réduite également aux conjectures…
Y croire ?
Le pays au Burkina se veut optimiste. « L’espoir de voir les 46 soldats ivoiriens retrouver leurs familles respectives dans un bref délai est plus que permis. On peut même se risquer à dire que si le Mali a mis autant de temps avant de se décider, c’est qu’il ne veut pas donner l’impression de se plier aux diktats de la Cédéao, qui avait bandé les muscles en le menaçant de sanctions s’il ne libérait pas les soldats au plus tard le 1er janvier dernier. En tout état de cause, le feuilleton a assez duré et il serait plus sage pour les deux parties d’enterrer définitivement ce dossier. Cela est d’autant plus nécessaire qu’il y va de la préservation des liens séculaires qui existent entre le Mali et la Côte d’Ivoire. »
Aujourd’hui toujours à Ouaga veut également y croire. « Tous ceux qui ont vu les deux présidents émerger après leur cénacle hier, ont constaté deux visages déridés, signe qu’enfin, les 46 militaires prisonniers respireront l’air de la liberté et qu’ils pourront rejoindre les leurs d’ici là ? Rien n’a filtré, et le médiateur Faure Gnassingbé n’a rien laissé paraître. Sous réserve de faire d’abord le point avec Alassane Ouattara, qui se chargera d’annoncer la bonne nouvelle, si c’est le cas. En attendant, c’est avec expectative et angoisse que les familles regardent et tendent l’oreille à la moindre info relative à leurs parents perclus dans une prison bamakoise. »