Le ciel s’assombrit et, sans visibilité, la Côte d’Ivoire fonce droit dans le mur. Personne, dans les camps opposés sur la tenue de la présidentielle du samedi 31 octobre 2020, n’entend faire de concession. Ça passe ou ça casse dans le duel à mort.
Après les violents affrontements intercommunautaires dans plusieurs localités, la mèche politique de la déflagration sociale est allumée. Et la bombe est prête à exploser. Sauf miracle.
Le 27 septembre 2019, à Dakar, Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général de la confrérie des Mourides, a éteint l’incendie de la guerre politico-judiciaire d’une dizaine d’années entre le président Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade.
La Côte d’Ivoire cherche son salut. Faute de bon sens, de personnalités consensuelles et de pareilles autorités morales, l’escalade politique a le vent en poupe dans un pays où le vivre ensemble se conjugue avec l’animosité et l’inimitié dans le désert de la réconciliation nationale.En effet, l’Exécutif a jeté aux calendes grecques les pertinentes recommandations de la CDVR; le Médiateur de la République a d’autres chats à fouetter; l’Association des rois et chefs traditionnels a choisi son camp; les guides religieux, accusés de rouler pour des chapelles politiques, ne sont plus audibles; Alpha Blondy, ambassadeur de l’ONU pour la paix en Côte d’Ivoire, et A’Salfo, ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO, ont rusé avec leur mission pour échouer.
Et alors, selon Bossuet, « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».
Et alors comme en 2010, les mêmes ingrédients de la tragédie, dont le pays n’a tiré aucune leçon, sont réunis. « Les peuples qui ne réfléchissent pas sur leur passé sont condamnés à le revivre », a prévenu le philosophe américain George Santayana.
Et alors, la Côte d’Ivoire se retrouve au même lieu du rendez-vous des scènes horribles et absurdes de guerre pour des ambitions politiques
Une contribution de Ferro Bally