Les prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire devront se tenir en octobre 2025, soit dans 16 mois. La pré-campagne a déjà commencé. Les principaux partis politiques bougent. Mais les conditions d’organisation d’un scrutin apaisé ne font pas encore l’humanité dans un pays habitué à des crises liées aux élections. Alors que l’opposition appelle à un dialogue pour des décisions consensuelles en vue d’un scrutin inclusif et apaisé, le parti au pouvoir ne semble pas disposé à changer de logiciel. L’opposition réunie réclame une réforme de la constitution, une correction du découpage électoral, un nettoyage du fichier électoral.
En plus de ces revendications, le PPA-CI demande une rencontre au gouvernement pour parler de la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale. L’ancien Président ivoirien a été investi par son parti en qualité de candidat à la présidentielle de 2025. Mais il est sous le coup d’une condamnation dans l’affaire dite du » braquage de la BCEAO ». La Commission Électorale Indépendante( CEI) s’est appuyée sur cette décision de justice pour le radier de la liste électorale. Ses partisans dénoncent une décision politicienne pour barrer la route de la présidentielle à leur champion.
Le PPA-CI avait saisi la Cour Africaine des Droit de l’homme et des Peuple( CADHP). Celle-ci avait rendu une décision enjoignant le gouvernement ivoirien à rétablir Laurent Gbagbo dans ses droits civiques. Mais Abidjan refuse de s’exécuter. Pire, elle a pris la décision de quitter la jurudiction d’Arusha. Mais le PPA-CI insiste et appelle au respect de la décision de la Cour Africaine ou à la prise d’une décision politique. A cet effet il a adressé deux courriers au Premier Ministre ivoirien Robert Beugré Mambé pour une audience sur le dossier de son Président. Le premier courrier a été écrit le 15 mars 2024. Le second le 12 avril. Mais aucune suite jusqu’à ce jour.
Pendant ce temps, les députés RHDP, très majoritaires à l’Assemblée nationale ont modifié le code pénal. L’alinéa 2 de l’article 185 nouveau stipule que » Toute incitation à troubler l’ordre public ou à défier l’autorité peut entraîner des sanctions sévères y compris l’emprisonnement ». L’article 19 de la constitution dit pourtant que » la liberté de pensée, et la liberté d’expression, notamment la liberté de conscience, d’opinion philosophique et de conviction religieuse ou de culte,sont garanties à tous. Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses idées ».
Pour des observateurs, le fait que le gouvernement reste muet sur le dialogue politique et l’introduction de l’article 185 nouveau dans le code pénal autorisent à dire qu’il opte pour la répression. Quand l’opposition en général protestera ou lorsque le PPA-CI en particulier manifestera pour le rétablissement des droits civiques de Laurent Gbagbo, cet article servira de nasse pour prendre tous les poissons qui troubleront les eaux du régime.Autant dire qu’en Côte d’Ivoire, on s’achemine encore vers une zone de turbulences liées aux élections. La dernière crise électorale date de 2020 avant et après la présidentielle. Elle était née de la décision d’Alassane Ouattara de briguer un 3ème mandat. On avait enregistré plus de 80 morts venus s’ajouter à la triste liste des 3000 mots officiellement dénombrés lors de la crise post-électorale de 2010-2011.
Dan Opéli