Face à une recrudescence des accidents de la circulation en Côte d’Ivoire, le ministre des Transports Amadou Koné a présidé, ce mercredi 25 juin 2025, la première réunion de l’année 2025 de la Commission nationale de sécurité routière. L’objectif : relancer la dynamique collective, passer d’une logique de réaction à celle d’anticipation.
« Mesdames et Messieurs,
Je tiens d’abord à vous remercier pour votre présence aujourd’hui.
Une autre date vous avait été proposée, mais vous avez choisi de venir à celle-ci, ce qui témoigne de votre engagement, et je vous en suis reconnaissant.
Je voudrais tirer de cette rencontre quelques observations importantes qui, je l’espère, nourriront notre réflexion sur le fonctionnement de la coordination et la mise en œuvre de notre politique de sécurité routière.
La position que nous occupons aujourd’hui, en tant qu’acteurs de ce secteur, est stratégique. Elle mérite d’être consolidée à travers des échanges francs et constructifs.
Il ne s’agit pas simplement de débattre, mais de penser ensemble à comment cette position peut fonctionner efficacement. Il y a, selon moi, une vraie structuration à approfondir.
La sécurité routière est un tout. Elle ne peut être dissociée des autres composantes : l’équipement, l’infrastructure, les textes réglementaires, l’information et la formation des usagers. C’est pourquoi le Ministère de l’Équipement doit être pleinement associé à nos travaux.
L’un des points fondamentaux reste le respect des règles de circulation. Tout commence par là.
Un conducteur mal informé ou qui ne sait pas interpréter l’information routière est plus exposé au risque d’accident. Ce que nous apprenons à l’auto-école est essentiel : savoir lire la signalisation et réagir conformément aux indications données.
Il y a encore beaucoup à faire. Pourtant, aujourd’hui, nous avons les outils nécessaires pour anticiper, pour prévenir, pour agir avant qu’un drame ne survienne.
Je pense toutefois que nous ne les utilisons pas encore suffisamment. Nous devons mettre en synergie nos moyens, réfléchir aux outils à activer ensemble, pour être proactifs et non simplement réactifs.
On ne peut pas se contenter de compter les victimes après chaque accident. Il faut agir en amont.
Cela suppose aussi de revoir le fonctionnement de nos réunions, leur régularité, et d’évaluer la mise en œuvre de notre stratégie nationale : relever les insuffisances, corriger les manquements, améliorer ce qui peut l’être.
Beaucoup de décisions ont déjà été prises. Des décrets existent. Des communications sont faites. Mais il faut s’assurer que tout cela soit suivi d’effets sur le terrain. Ce sont des observations que j’ai faites, et que je vous invite à examiner.
Autre sujet important : l’immatriculation des véhicules.
J’ai été interpellé à plusieurs reprises à ce sujet. Il est vrai que tout n’est pas encore parfait, mais nous devons discuter des difficultés et mettre de l’ordre avant les prochaines élections. L’objectif, c’est que le maximum de véhicules soient correctement immatriculés.
Enfin, un point crucial : la collecte des données lors des accidents.
Il faut se doter d’outils modernes, d’un système structuré. J’en discutais hier encore : pourquoi ne pas envisager une fiche standard ou une application mobile pour enregistrer, à chaud, les éléments essentiels d’un accident – comme la géolocalisation, les circonstances, les véhicules impliqués, etc. ?
Ces données sont précieuses. Elles nous permettront de faire des analyses précises, de comprendre les causes réelles des accidents et de proposer des solutions adaptées.
Cette réunion est donc l’occasion de creuser tous ces sujets, de trouver ensemble des réponses, de nous organiser davantage.
Nous avons une vision claire des enjeux. Il nous appartient désormais de nous donner les moyens de réussir, sans nous contenter de dénombrer les morts et les blessés.
Il est temps de prendre collectivement nos responsabilités. Chacun à son niveau. Avec tous les collègues concernés, dans un esprit de collaboration et d’engagement partagé.
L’objet principal de cette rencontre est donc clair : organisation, anticipation, coordination des moyens. Voilà les raisons pour lesquelles nous sommes ici aujourd’hui.
Je vous remercie » a souligné le ministre des Transports Amadou Koné. Une nouvelle mission qui guidera les actions futures de la commission nationale de sécurité routière.
Une réunion pour changer de cap
Réunis au 21ᵉ étage de l’immeuble Postel 2001 à Abidjan, les principaux acteurs impliqués dans la sécurité routière ont répondu à l’appel du ministre des Transports, Amadou Koné. Autour de la table : les ministères de l’Intérieur, de la Défense, de la Santé, de l’Équipement, les structures de secours, les représentants des finances, de la Primature, des acteurs techniques comme Quipux, Huawei, OSER, et les directions concernées du ministère.
Cette réunion marque une étape importante dans la réactivation de la Commission nationale de sécurité routière (CNSR), mise en veille depuis plusieurs mois malgré des indicateurs préoccupants.
Une stratégie nationale à renforcer
Adoptée en 2021, la stratégie nationale de sécurité routière vise une réduction de 25% des accidents à l’horizon 2025 et 50% d’ici 2030. Elle repose sur sept axes structurants : gouvernance, sensibilisation, contrôle, infrastructures, sécurité des véhicules, formation des usagers et prise en charge post-accident.
Mais après quelques progrès, la tendance s’est inversée. L’OSER, premier à prendre la parole, a dressé un constat sans détour :
« En 2024, les accidents ont augmenté de 8 %, les décès de 14 % et les blessés de 17 %. Pour le premier semestre 2025, la hausse est encore plus marquée. »
Ces chiffres ne sont pas de simples données. Ils traduisent des drames humains, vécus surtout par les usagers vulnérables : piétons, conducteurs de deux-roues, passagers de transport en commun. Ensemble, ils représentent 90% des personnes tuées ou blessées sur les routes.
Vers une approche plus coordonnée
Prenant la parole, le ministre Amadou Koné a insisté sur l’urgence d’une approche proactive :
« Il faut qu’on réfléchisse à comment cette commission peut fonctionner. Il faut pouvoir agir avant que l’accident n’arrive. »
Il a mis en cause le manque de coordination entre les ministères, l’insuffisance de données fiables, le retard dans la mise en œuvre des textes, et la faible fréquence des rencontres. Il a également insisté sur l’importance des équipements et de la signalisation routière.
Parmi les pistes évoquées :
• renforcer la collecte des données via GPS,
• réactiver les comités locaux de sécurité routière,
• améliorer le respect du code de la route,
• faire évoluer la législation.
Nouvelles technologies, nouveaux défis
Quipux et Huawei ont présenté les avancées du système de transport intelligent (STI), déjà en place dans le Grand Abidjan et en cours d’extension dans les zones les plus touchées. Caméras de vidéo-verbalisation, radars mobiles, plateformes d’alerte : des outils existent mais nécessitent une gestion cohérente et partagée.
La Direction générale des transports terrestres et de la circulation (DGTTC) a rappelé les sept piliers de la stratégie et souligné la nécessité de réactiver tous les leviers, à commencer par la gouvernance et la formation.
Une plateforme pour tracer et prévenir
L’un des points forts de la réunion fut la présentation d’un projet de décret portant création d’un Registre national des infractions routières. Cette base de données unifiée permettra à tous les acteurs concernés de suivre les contrevenants, croiser les données, et mieux cibler les interventions.
Prochaines étapes : un séminaire et une mise en mission
Dans les divers, le directeur de la communication du ministère a annoncé la tenue d’un séminaire national sur la sécurité routière du 4 au 6 juillet 2025 à Yamoussoukro. Objectif : mobiliser l’ensemble des acteurs locaux – préfets, forces de l’ordre, transporteurs, directions régionales – autour d’actions concrètes et mesurables.
En attendant, sur le terrain…
La prochaine réunion de la commission sera annoncée dans les semaines à venir. D’ici là, la balle est dans le camp de chaque administration représentée. Il s’agit moins de produire de nouveaux textes que d’appliquer ceux qui existent déjà, de dépasser les silos et d’agir de manière préventive.
Sur les routes de Côte d’Ivoire, chaque signalisation absente, chaque excès de vitesse toléré, chaque carrefour mal éclairé peut coûter une vie.
Pour information, la Commission Nationale de Sécurité Routière a été instituée en 2017 par le décret 2017-71 du 1er février 2017.
Sercom Ministère des Transports