Depuis le conseil des ministres du 26 septembre 2019, les ivoiriens sont situés sur le contenu du projet de budget 2019 du pays. Estimé à 7 334,3 milliards de francs CFA, il connait une hausse de 8,6 % par rapport à celui de l’année 2018 qui s’établissait 6 723,5 de F CFA. Cette progression de 578,1 milliards de F CFA serait selon un communiqué du conseil des ministres, en phase avec les ambitions du gouvernement concernant le Programme national de développement (PND) 2016-2020 toujours en chantier. Les prévisions fiscales se chiffrent à 3 649 milliards de F CFA. Le gouvernement prévoit aussi de mobiliser 1 329 milliards de F CFA sur les marchés de capitaux, sans préciser s’il aura recours en 2019 à un eurobond comme en 2018.
Comme chaque année, l’Union des Nouvelles Générations (Ung) par la voix de son président, Stéphane Kipré a jeté un regard critique sur ce budget. Ci dessous, son analyse complet de ce budget qu’il qualifie d’incohérent et inquiétant.
(…) Je viens de prendre connaissance du projet de loi de finance portant budget de l’État pour l’année 2019. Il est tout simplement incohérent de poursuivre cette option économique d’équilibrer le budget par l’endettement.
Pour 2019, nous avons une prévision de budget de 7,334 milliards de FCFA pour une prévision en recettes de 5,471 milliards sachant que ce n’est qu’une prévision puisqu’en réalité, en l’état actuel de notre économie, et ce malgré la pression fiscale qui s’abat sur les entreprises, les recettes de l’État tournent entre 3,000 et 4,000 milliards. Soit une véritable différence de 2,000 à 3,000 milliards à couvrir encore par la dette tout en sachant que la Côte d’Ivoire, depuis maintenant 8 ans, équilibre son budget par des dettes d’environs 2,000 milliard annuel.
Pourquoi donc une prévision de budget étatique au double des recettes ? Pourquoi dépenser ce qu’on n’a pas ? Pourquoi cet endettement ne crée t-il pas de richesses afin d’augmenter les recettes de l’État depuis toutes ces années ? À quel taux ces dettes sont-elles contractées ?
Autant de questions que je me pose et qui permettent de percevoir la mauvaise gouvernance sans trop d’efforts.
Il est important de savoir que tout déficit, aujourd’hui, représente des taxes et impôts pour demain et donc l’augmentation de la cherté de la vie. Nous l’avons toujours dit, le problème n’est pas l’endettement car toutes les nations s’endettent. Mais, s’endetter pour faire face aux charges et non pour investir est une mauvaise politique économique.
À défaut d’investir, il faut faire en sorte que le budget, avec les charges et les recettes, s’équilibre. Tout endettement, pour avoir un sens économique et être supportable par le contribuable, doit créer de la richesse pour l’État ou augmenter le pouvoir d’achat des populations.
On ne peut pas continuer d’avoir un taux d’augmentation du budget de l’État d’environ 20% par année quand nos ressources économiques ne sont pas à mesure de supporter ces augmentations. Il faut, intelligemment et urgemment, revoir le modèle économique de notre pays puisque le binôme café cacao et autres matières premières ne peuvent plus supporter les charges de notre pays. La solution ne se trouve pas dans un endettement qui n’enrichit que les tenants actuels du pouvoir. Un modèle économique de provisions par la dette est un très mauvais choix et risque de conduire la Côte d’Ivoire vers un dépôt de bilan.
Le clan actuel au pourvoir a-t-il le droit d’engager plusieurs générations d’Ivoiriens dans sa boulimie d’enrichissement personnel ?
J’ai demandé à mes amis du parti qui sont en charge des questions économiques et du suivi de l’action gouvernementale de fortement se pencher sur cette énième forfaiture afin que nous soyons tous informés car le peuple a droit à l’information mais surtout la vraie information afin de comprendre les risques qu’une telle option économique fait courir à notre pays et surtout guider ses choix pour les élections à venir.
Entre temps, c’est inquiétant de se poser la question quant à l’état économique dans lequel la nouvelle équipe gouvernementale trouvera le pays en 2020. M. Ouattara a échoué à réconcilier les ivoiriens et pour ne rien arranger, il plombe l’économie de notre pays par des choix hasardeux (…) .
Blaise BONSIE avec Stéphane KIPRE