Les dissenssions profondes au sein de la coalition au pouvoir d’Abidjan ont donné lieu à une reconfiguration du paysage politique marquée par des opérations de séduction en vue de former une forte alliance avec en filigrane la présidentielle 2020.
Sur les berges de la lagune Ebrié, les cartes politiques sont rebattues et toute alliance entre deux des trois grands partis ivoiriens est susceptible de conduire les alliés au palais présidentiel d’Abidjan. Ainsi, les cartes se redéssinent d’ores et déjà et les discours populistes s’inscrivent dans ce postulat. L’appel de Cissé Ibrahim Bacongo, cadre au Rassemblement Des Républicains (RDR), parti présidentiel, à donner la main au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo a tout son sens pour une réconciliation effective en Côte d’Ivoire. « Nous devons nous donner la main Mme la Secrétaire générale du Rdr (Kandia Camara Ndlr). Nous devons nous donner la main, mais également nous devons donner la main à nos frères du FPI, nous devons les accueillir. Maintenant, nous attendons le professeur Aboudrahamane Sangaré. Je sais qu’il va nous faire confiance parce que, Mme Kandia Camara, je sais que vous êtes une médiatrice discrète et très perspicace. Je suis Convaincu que cette démarche pourrait aboutir et je suis persuadé qu’en tant que secrétaire générale, vous allez « enfiler » votre manteau pour aller voir Aboudramane Sangaré, de même que Hubert Oulaye. », a-t-il lancé le weekend dernier lors d’un meeting à Abidjan-Koumassi.
Cette inclinaison soudaine de Cissé Bacongo, abonné aux déclarations fracassantes, à la réconciliation nationale aurait eu un brin de crédibilité hors du contexte électoral ponctué par des dissensions au Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) et un probable rapprochement entre le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le FPI au détriment du RDR. Sinon, les Ivoiriens attendent depuis 7 ans le régime d’Abidjan sur le perron de la réconciliation nationale. « On ne peut pas ignorer la moitié de la population et faire comme si la Côte d’Ivoire était réconciliée. Les procès iniques faits aux pro-Gbagbo sont là pour nous rappeler que la justice des vainqueurs ne vise qu’un seul camp tandis que l’autre jouit d’une totale impunité et bénéficie de privillèges scandaleux. », s’insurgeait Danielle Boni Claverie, présidente de l’Union Républicaine pour la Démocratie (URD) jeudi 1er février 2018. Pour sa part, le FPI (tendances Affi et Sangaré) se dit ouvert à toute alliance avec des partis partageant leurs idéaux.
Les nombreuses réactions suite à l’annonce d’une probable rencontre entre Jean Louis Billon, porte parole adjoint au PDCI et l’ex-président Laurent Gbagbo à la Haye témoignent de cette destructuration du paysage politique ivoirien.
Cyrille NAHIN