Derrière les actes d’incivisme des élèves de M’Bahiakro, dans la région de l’Iffou (331 km d’Abidjan), à l’égard des gendarmes de cette localité, mardi 6 mars 2018, se cache un cri de détresse adressé à ce corps d’élite dans une période marquée par une montée de l’insécurité notamment une vague de crimes rituels.
En représailles au viol suivi du meurtre de Glarou Chancelle (14 ans), en classe de 5ème, des élèves ont saccagé les locaux de la gandarmerie nationale avant de les incendier. Si cette colère est symptomatique de l’incivisme des populations, elle a le mérite de mettre en évidence leur confiance vis-à-vis de la gendarmerie nationale.
Entre police, gendarmerie et forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le choix des gens d’armes n’est pas fortuit. Il témoigne du mandat que ces populations confèrent à ce corps d’élite pour assurer leur sécurité. Dans l’imagerie populaire des Ivoiriens, le terme FRCI rime avec l’ex-rebellion qui a porté Alassane Ouattara au pouvoir d’Etat. Le laxisme du régime d’Abidjan, qui conforte certains observateurs dans leur position quant à une éventuelle complicité relative aux nombreux crimes rituels en cours, est loin de rassurer les Ivoiriens. Par ailleurs, les Ivoiriens se tournent de plus en plus vers la gendarmerie au détriment de la police pour tout préjudice subi. Seulement, un peuple démocratiquement mature a recours à des moyens d’expressions démocratiques telles que les marches pacifiques ou de protestation, les sit-in ou meetings.
Les populations d’Abobo l’ont compris. Lundi 5 mars 2018, elles ont crié leur ras-le bol relatif à l’insécurité galopante devant les locaux de la gendarmerie. Hélas, tant que la grève est pacifique, tout le monde s’en fou. Pis, elles ont été la cible d’un autre groupe soucieux des intérêts du régime d’Abidjan. De violents affrontements s’en sont suivis. En somme, les Ivoiriens ne savent plus à quel Saint se vouer. Muré dans un silence de cimétière, le chef de l’Etat sort de son bois sans convaincre. Les semaines se suivent et se ressemblent. Difficile de savoir ce que reserve la semaine du 12 au 18 mars 2018.
Cyrille NAHIN