La défense de l’ex-ministre ivoirien Hubert Oulaye, qui comparait pour complicité d’assassinat de soldats de l’ONU, a estimé que toute l’accusation n’était qu’une « pure fabrication » des services secrets au troisième jour du procès (le vendredi 22 décembre 2017), à Abidjan. « Tous les faits concernant Hubert Oulaye sont une pure fabrication de la DST », la Direction de la surveillance du territoire, a déclaré à l’issue de l’audience Me Rodrigue Dadje, réitérant qu’il s’agit d’un « procès politique ». Hubert Oulaye, ministre de la Fonction publique de l’ex-président Laurent Gbagbo est accusé de complicité d’assassinats de sept Casques bleus et huit civils lors d’une attaque dans l’ouest de la Côte d’Ivoire en juin 2012.
La première journée d’audience avait été consacrée à l’audition de son co-accusé, Maurice Djiré, un villageois de Guiglo, âgé de 37 ans, s’exprimant en langue locale Guéré, et désigné comme étant un exécutant.
Leurs avocats, qui avaient quitté l’audience mardi pour protester contre le fait que le parquet ne leur avait pas transmis toutes les pièces du dossier, sont finalement revenus jeudi après intervention du bâtonnier.
Interrogé par l’avocat général, l’unique témoin présent sur les cinq cités, Serge Brou, militaire en détention préventive dans une autre affaire, a nié à la barre avoir incriminé Hubert Oulaye dans ses déclarations à la police. « Vous avez pourtant signé le PV d’audition », a remarqué l’avocat général Souleymane Koné.
La défense a relevé que l’interrogatoire de Serge Brou, cité dans le rapport de la DST sur lequel se fonde l’accusation, s’est déroulé le 20 mars 2012, soit deux mois et demi avant l’attaque contre les Casques bleus, le 8 juin 2012. Elle a aussi contesté l’authenticité d’une liste de numéros de téléphones présentée comme un indice matériel par le rapport de la DST, car contenant le numéro de Hubert Oulaye. Enfin, les avocats ont relevé qu’il n’existe pas d’aérodrome dans la ville de Tai, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, contrairement à ce qu’indique le rapport de la DST. Celui-ci affirme que cet aéroport était une cible pour des actions de rébellion armées prétendument financées par l’ancien ministre. « Oulaye et Djire sont complètement innocents, il n’y a aucun élément de preuve » contre eux, a estimé Me Rodrigue Dadje. Pour lui, « le parquet général a passé son temps à poser des questions sur des faits qui n’ont aucun lien direct avec l’infraction poursuivie ».
Le procès doit reprendre mardi 26 décembre, pour les plaidoiries et le verdict.
Jeune Afrique