Amnesty International Côte-d’Ivoire a demandé mardi 29 avril 2025 à l’état de Côte-d’Ivoire de mettre fin au phénomène des encagoulés pour les arrestations des personnes autres que des narcotrafiquants et des grands bandits. »Nous demandons à l’état de Côte-d’Ivoire de mettre fins aux arrestations par des encagoulés. Pour de grands bandits, pour des narcotrafiquants, ça se comprend. Mais pour un syndicaliste dont le domicile est identifié, ce n’est pas normal. On ne peut pas arrêter un syndicaliste comme un grand criminel et traumatiser sa famille. Il y a un cas où une arme a été pointée sur un enfant de 7 ans.Ça ressemble à tout sauf à un État moderne comme la Côte-d’Ivoire », a déclaré Hervé Delmas Kokou, Directeur exécutif d’Amnesty International Côte-d’Ivoire à Abidjan au cours de la cérémonie de présentation du rapport annuel sur les Droits de l’homme dans le monde.
A Abidjan, la structure locale a réuni à l’hôtel Capitole de la Riviera Golf partenaires organisations de Défense des Droits de l’Homme,représentant de Conseil National des Droits de l’Homme( CNDH), représentant du parlement ivoirien, représentants de partis politiques et hommes de médias. Elle a présenté l’état des Droits de l’homme dans le monde en 2024 en se focalisant sur la situation en Afrique et particulièrement en Côte-d’Ivoire.
La situation au niveau du contient a été présentée par Me Hervé Bonfin, Président du Conseil d’Administration d’Amnesty International Côte-d’Ivoire et celle de la Côte-d’Ivoire par Hervé Delmas Kokou, Directeur exécutif local. » Les Droits de l’homme en Côte-d’Ivoire, ça va et ça ne va pas. Ça va parce que nous avons beaucoup de textes. C’est les textes qui régissent un État. Et quand il n’y a pas de textes, on dit que cet État recule. Ça ne va pas parce le grand défi, c’est l’application de ces textes. Nous demandons à l’état de Côte-d’Ivoire de faire un pas de plus. Le plus grand pas, c’est faire les textes. Le pas qui reste, c’est de laisser les citoyens jouir de ces droits édictés et reconnus par la constitution », a soutenu M.Kokou.
Le rapport présenté par le Directeur Exécutif concerne la situation des droits de l’homme en Côte-d’Ivoire en 2024 avec des remarques malheureux pouvoirs 4 premiers mois de 2925. Il part d’un contexte qui autorise à dire que les tensions politiques s’intensifient à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Un contexte marqué en 2024 par l’arrestation de l’opposant Kando Soumahoro de GPS, le mouvement politique de Guillaume Soro suspendu en 2021, par l’arrivée en Côte-d’Ivoire de 56000 personnes ayant fui le conflit au Burkina-Faso et ayant officiellement deposé une demande d’asile.
Menace sur les libertés d’expression, de manifestation et d’associations
Le rapport fait ressortir le recule de la liberté d’expression et de réunion pacifique avec le nouveau code pénal dont certaines dispositions vont à l’encontre des normes Internationales relatives aux droits humains. Ici, Amnesty International Côte-d’Ivoire pointe l’arrestation des militants de la société civile pour une manifestation contre la cherté de la vie. L’ONG a aussi dénoncé les déguerpissements forcés, l’ordonnance du 12 juin 2024 sur les organisations de la société civile.Son contenu menace les libertés d’associations. Elle craint aussi que des dispositions du code pénal ouvrent la voie à des décisions de justice se basant sur des éléments obtenus par la coercition ou la torture.
Amnesty International Côte-d’Ivoire estime que certaines dispositions juridiques bafouent encore les droits des femmes. Par exemple, l’article 403 du code pénal accordant l’impunité aux hommes qui violent leurs femmes.
La persistance du travail des enfants et un prêt de 1,3 milliards de dollars du FMI pour l’amélioration de la politique climatique et la lutte contre l’émission de gaz à effet de serre ayant accru le poids de la dette sont aussi contenus dans le rapport.
Des échanges ont suivi. Des intervenants sont revenus sur les tensions politiques marquées par l’exclusion de certains leaders politiques de la liste électorale. Hervé Delmas Kokou a précisé qu’Amnesty International n’intervient pas sur la politique mais s’intéresse à l’environnement politique qui menace les droits humains. Aussi estime-t-il, en tant que citoyen, que gouvernement et opposition ont encore le temps de s’asseoir pour éviter de faire revivre aux Ivoiriens une autre crise politique meurtrière.
Dan Opéli