Dans le brouhaha quotidien de l’administration Trump II, les démocrates croient avoir enfin entendu une voix rassurante. Barack Obama, l’ancien président et la star du parti, a décidé de parler ce jeudi. Lors d’un événement privé au Hamilton College de New York, il a même accepté de s’exprimer sur son successeur, contre lequel il avait fait campagne l’année dernière.
« Sacrifices ». Barack Obama a particulièrement ciblé les récentes attaques de l’administration Trump contre les universités et les cabinets d’avocats, dans le viseur du républicain pour leurs politiques en matière de diversité. Des mesures principalement mises en place sous les mandats du successeur de George W. Bush. Depuis son investiture, Donald Trump a menacé différentes institutions de sanctions, notamment financières, afin de les forcer de se mettre au diapason de sa révolution « anti-woke ». L’Université de Columbia ou encore le cabinet Paul Weiss ont récemment fini par céder, sous les yeux de démocrates amorphes.
L’aile gauche du Parti démocrate, qui s’appuie notamment sur les progressistes, veut mettre fin au statu quo, en combattant frontalement Donald Trump. Quitte à tourner la page de la campagne de 2024 et à changer de leadership
Une paralysie que l’ancien hôte de la Maison Blanche a remarquée et qu’il dénonce. « Nous sommes maintenant dans un de ces moments où il ne suffit pas de dire qu’on est pour quelque chose, il faut aussi agir et peut-être faire quelques sacrifices », a-t-il exhorté, sur un ton similaire à celui employé lors de son soutien à la campagne de Kamala Harris. A l’époque, il avait sommé les Américains de ne pas se plaindre, mais de « voter ». Un conseil qui n’avait pas suffi le 5 novembre. Le même jour, à l’autre bout du pays, l’ancienne candidate a également brisé le silence pour dénoncer « ce sentiment de peur » qui règne depuis le retour à la Maison Blanche de son ex-rival. Jusqu’au scrutin présidentiel, elle n’avait cessé de le dépeindre comme une menace pour la démocratie. « Nous savions que beaucoup de choses allaient se passer », a-t-elle rappelé.
La sortie de ces deux figures fait remonter les douloureux souvenirs de l’élection présidentielle au sein du parti. Elle intervient à un moment où les démocrates s’interrogent douloureusement sur leur avenir et leur capacité à affronter l’administration Trump lors des quatre prochaines années. D’autant qu’ils traînent une impopularité record, avec seulement 29 % d’avis favorables, selon un sondage de CNN.
Manifestations. Le parti est aujourd’hui tiraillé entre deux stratégies inconciliables. La première, promue par la vieille garde, suggère d’attendre, de rester calme et de se montrer prudent. Le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a ainsi préféré approuver la prolongation du budget fédéral poussé par les républicains et Donald Trump, à laquelle de nombreux élus de gauche s’opposaient. Empêcher le passage du texte aurait permis de lier les mains, financièrement, de l’administration Trump. Mais le leader démocrate ne voulait pas prendre le risque d’être accusé d’avoir provoqué un « shutdown » à l’approche des élections de mi-mandat, l’an prochain.
Un autre courant du parti plaide, lui, pour la stratégie inverse. Cette aile gauche, qui s’appuie notamment sur les progressistes, veut mettre fin au statu quo, en combattant frontalement Donald Trump. Quitte à tourner la page de la campagne de 2024 et à changer de leadership. Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez en sont les figures de proue, et on imagine déjà la jeune représentante se présenter pour l’élection de 2028. Mais d’autres têtes d’affiche émergent, comme le sénateur Cory Brooker qui a battu le record du plus long discours jamais prononcé au Capitole — 25 heures et cinq minutes d’un trait ! — pour s’élever contre les agissements de l’administration Trump II.
Au sein de la base électorale démocrate, cette stratégie commence à prendre de l’ampleur. Selon le sondage de CNN, 57 % des démocrates estiment que le parti doit désormais tout faire pour arrêter Donald Trump. Ce samedi, des manifestations hostiles à l’exécutif sont attendues dans les cinquante Etats afin de dénoncer « la prise de pouvoir la plus éhontée de l’histoire moderne. » Ni l’ancien président, ni l’ex-candidate n’ont prévu d’y participer.