L’instance vérité et dignité, chargée de faire la lumière sur les crimes d’État commis sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali demande à la France des excuses et des réparations.
Sur son bureau, s’entassent des piles de dossiers. Sihem Ben Sedrine, la présidente de l’instance vérité et dignité (IVD), chargée de rendre justice aux victimes des régimes de Bourguiba et de Ben Ali en Tunisie ne mâche pas ses mots. « Les premières violations commises par l’État français, c’est en juillet 1956, explique-t-elle. La Tunisie était indépendante, et ils ont pilonné tout le sud. Et puis, le grand, grand massacre, c’était à Bizerte [en 1961]. Ils ont tué un peu moins de 5 000 personnes, quelques 300 militaires, et tout le reste, c’était des civils. Il est temps que la France reconnaisse ses crimes, et répare. »
L’IVD enverra très prochainement un mémorandum à la France, révèle sa présidente Sihem Ben Sedrine. Des excuses, et des réparations financières, selon le barème fixé par la justice transitionnelle tunisienne elle-même. Le seul cas de Bizerte représenterait l’équivalent de 30 millions d’euros. « Un homicide sur le barème de l’IVD, c’est 200 000 dinars multiplié par 5 000 vous voyez ce que ça donne. Et ça c’est que Bizerte, détaille Sihem Ben Sedrine, qui cite plusieurs autres crimes. Dans le mémorandum il y aura tous les détails, un nombre précis de morts avec des noms, avec tout ce qu’il faut pour justifier les demandes de la Tunisie. »
Ce mémorandum devrait être envoyé début juillet. Le gouvernement tunisien n’a pour l’heure pas pris position sur cette démarche de l’IVD. Sollicité pour réagir à cet exposé l’ambassadeur de France à Tunis n’a pas donné suite.