La candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle d’octobre 2025 est le menu principal du débat politique actuel en Côte d’Ivoire. Cela à cause de l’hostilité des tenants du pouvoir à la présence de son nom sur la liste électorale. Malgré les interventions et autres démarches politiques enclenchées par son parti, le régime RHDP fait la sourde oreille. Cela est d’autant plus vrai que cette candidature est souvent le menu principal de certaines de leurs rencontres et meetings. L’ancien président de la République est devenu « l’élément central » de leur projet de société et de leur programme de gouvernement. Ils donnent désormais l’impression de n’avoir plus rien à proposer aux électeurs ivoiriens si ce n’est pas le programme de l’écartement de Laurent Gbagbo de la compétition électorale à venir. « En quoi est-il un crime de dire, en l’état actuel des choses, que le citoyen Laurent Gbagbo n’est pas éligible. Nous ne sommes pas les juges constitutionnels.
Cependant, nous avons le droit d’émettre un avis qui n’engage que nous, et de dire que Laurent Gbagbo a un problème du fait d’une décision de justice », a déclaré récemment Ibrahim Bacongo Cissé sur le sujet. Mais en réalité pourquoi cette position rigide vis-à-vis d’un homme qui est pourtant à la base de l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara ? Pour les observateurs de la scène politique ivoirienne, la réponse est simple. C’est une vengeance politique qui ne dit pas son nom. Les tenants du pouvoir n’ont jamais envisagé le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire après sa déportation à la prison de Scheveningen, au Pays bas.
Et Damana Pickass n’a pas eu tort samedi lors de la cérémonie de lancement de la 3e édition de la Fête de la Renaissance de déclarer ce qui suit. « Quand Gbagbo partait à La Haye, certaines personnes croyaient que c’était un aller simple, un aller sans retour. Mais c’était une façon de nous dire que c’était un adieu à Laurent Gbagbo ». II ajoutait ce qui suit : « quand Gbagbo revient à la vie, c’est la lutte pour les libertés qui revient à la vie. Quand Gbagbo revient à la vie, c’est la démocratie qui revient à la vie. Quand Gbagbo revient à la vie, c’est la Côte d’Ivoire qui revient à la vie ». Ce retour à la vie de Laurent Gbagbo est perçu par le RHDP comme un échec de son plan qui consistait à éloigner définitivement le président du PPA-CI de la Côte d’Ivoire.
Le laisser participer à une quelconque élection dans ce pays qui l’a vu naître, ce serait se faire hara-kiri vis-à-vis de leurs soutiens occidentaux. Même si ces derniers militent en faveur d’une élection inclusive, les barons du RHDP n’en veulent pas entendre raison parce que ce serait un désaveu subtile de cette politique de « bannissement » d’un homme qu’ils accusent de tous les péchés. Pour eux, l’ancien président de la République est un « bannit » de la scène politique pour avoir selon eux, osé défier la communauté internationale et ses suppôts ivoiriens à la tête desquels Alassane Ouattara, l’actuel président de la République en 2011.
Dans leur entendement, il n’a donc plus le droit de participer aux débats liés à la marche du pays. Les auteurs de cette analyse sont dans la raison quand l’on jette un coup d’œil sur la déclaration de Coulibaly Kuibiert sur l’absence du nom de Gbagbo sur la Liste Electorale de son pays. « Il viendra s’inscrire 1000 fois, 1000 fois, il ne pourra pas être sur la liste ».Une déclaration qui n’a pas manqué de susciter l’émoi au sein de l’opinion ivoirienne qui l’a comprise une fermeté politique incongrue barrant le chemin de la présidentielle à un citoyen du pays. Il n’y a pas de solution pour Laurent Gbagbo : telle est la signification de cette déclaration.
Cette signification est d’autant plausible qu’elle confirme le silence du pouvoir face aux différentes sollicitations du PPA-CI pour le règlement politique de la situation d’injustice imposée au fondateur du FPI et du PPA-CI. De vrai, Alassane Ouattara ne veut pas avoir en face de lui un dinosaure comme Laurent Gbagbo. Parce que,selon les analystes politiques, ce serait signer son arrêt de mort politique en cas de victoire de ce dernier. Du fait de son âge avancé,il a 83 ans,le président du RHDP ne pourra plus jamais briguer un poste de président de la République en Côte d’Ivoire.A la fin du mandat du prochain vainqueur,il aura 88 ans.Ce qui le mettrait dans une situation inconfortable.
Gobson Zago