En 2018, sous la pression de l’UE, le royaume a stoppé 89 000 migrants clandestins qui tentaient de passer en Espagne, devenue la principale porte d’entrée de l’immigration irrégulière en Europe, après la très nette baisse des arrivées en Italie et en Grèce. Au total, 64 298 migrants sont arrivés sur le territoire espagnol.
Drame de l’immigration clandestine au Maroc, 16 personnes sont mortes et 17 autres ont été blessées après la chute de leur car dans un canal d’irrigation le 27 avril 2019. Le véhicule transportait près de 50 migrants subsahariens.
L’accident a eu lieu sur une route secondaire reliant les villes de Saidia et Nador, non loin de l’enclave espagnole de Melilla. Le conducteur du véhicule, a pris la fuite. « Les trafiquants de la migration mettent la vie des migrants en danger en empruntant des voies difficiles », a dénoncé l’Association marocaine des droits de l’homme AMDH-Nador. Ils sont obligés de se cacher depuis que les autorités marocaines ont décidé, sous la pression de Bruxelles, de bloquer l’immigration africaine.
Le Maroc, pays d’immigration et de transit
Alors que la voie principale de migrations vers l’Europe passait en 2017 par la Libye et l’Italie, le Maroc et l’Espagne sont redevenus la première porte d’entrée en Europe. Malgré une diplomatie active envers les autres pays africains, les autorités marocaines, prises dans leurs contradictions, ont stoppé en 2018 quelque 89 000 « tentatives d’immigration irrégulière » vers l’Europe, dont 29 000 en mer.
La route migratoire reliant le Maroc à l’Espagne a repris de la vigueur, depuis que l’Italie a décidé de fermer ses ports aux bateaux de secours humanitaires et que l’Union européenne aide les garde-côtes libyens à contrôler leurs côtes. L’Italie a enregistré 23 371 arrivées, en forte baisse par rapport à 2017 (119 369)
Si certains migrants tentent d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla et dans le territoire voisin espagnol de Ceuta, la plupart d’entre eux cherche à gagner le continent européen en traversant le détroit de Gibraltar sur des embarcations souvent inadaptées.
D’après les données du ministère de l’Intérieur, les autorités marocaines ont démantelé 229 réseaux de passeurs en 2018. Près de 20% des migrants interceptés l’année dernière étaient des ressortissants marocains, a précisé le ministère, et 29 715 migrants ont été sauvés en mer.
Le Maroc, nouveau gendarme de l’Europe
Il faut dire que face au flux de migrants, l’Union européenne a débloqué l’an dernier une enveloppe de 140 millions d’euros pour aider le Maroc à faire face à la migration clandestine, démanteler les réseaux de trafiquants et protéger les migrants vulnérables.
Une politique européenne qui commence à se traduire dans les chiffres. Le nombre d’arrivées sur les côtes de l’UE est en baisse. En 2018, le HCR compte près de 115 000 migrants arrivés à destination, contre plus de 170 000 arrivées en 2017.
Le Maroc a toutefois une certaine répugnance à jouer le rôle du « gendarme » de l’Europe et à procéder à des expulsions en masse d’immigrés subsahariens: cela pourrait nuire à ses relations diplomatiques stratégiques avec les pays dont ces derniers sont originaires.
Les autorités du royaume affirment qu’il est impossible d’arrêter la migration tant que ses causes économiques et politiques fondamentales persistent. D’autant que beaucoup de migrants marocains irréguliers aident à récolter la production agricole dans les pays de l’UE.
Accueillir et intégrer les migrants africains au Maroc
Vue de la perspective marocaine, la migration de ses ressortissants constitue une ressource de développement vitale en soulageant la pauvreté, en contribuant à la stabilité politique ainsi qu’en générant des transferts de fonds.
Les responsables marocains commencent à accepter l’idée que cette migration subsaharienne n’est pas que temporaire et pourrait finir par s’installer de façon plus permanente. Elles commencent à réfléchir à une véritable politique d’accueil et d’intégration mais les migrants africains au Maroc font face à une profonde xénophobie et à une forte marginalisation sociale et économique.
Le Maroc, devenu un pays de « transition », est pris dans une contradiction. Favorable à une émigration de ses citoyens vers l’Europe, elle doit pour autant bloquer l’immigration subsaharienne.