L’administration Obama a sensibilisé à l’hypothèse de la « pire pandémie depuis 1918 » la future administration Trump, qui n’a pas paru très sensible au sujet.
Le 13 janvier 2017, soit sept jours avant l’intronisation de son successeur à la présidence des Etats-Unis, l’administration sortante de Barack Obama avait organisé une réunion d’information avec l’équipe de transition de Donald Trump pour la sensibiliser aux principales menaces guettant le pays. Figuraient ainsi au menu de cet exercice de politique-fiction des scénarios impliquant des événements naturels de type ouragan, des attaques terroristes, mais aussi l’irruption d’une épidémie mondiale, comme le raconte le site américain d’informations en ligne Politico.
Avec un incroyable sens de l’anticipation, les auteurs du briefing n’avaient pas lésiné sur les dangers représentés par un virus baptisé par leurs soins H9N2, transmis par voies respiratoires, qui, dans leur scénario, aurait déjà provoqué la mise en quarantaine de villes comme Djakarta, Séoul et Londres, avant d’arriver sur le sol américain. Parti d’Asie, il aurait commencé à toucher la Californie et le Texas après être passé par l’Europe, créant partout le chaos dans les pays touchés, avec la suspension des liaisons aériennes et surtout des hôpitaux débordés par le nombre de personnes infectées. Il serait devenu, selon les officiels des services de santé, « la pire pandémie depuis 1918 », en référence à la « grippe espagnole » qui avait provoqué au moins 50 millions de morts.
A en croire Politico, participaient à cette réunion, tenue dans un bâtiment proche de la Maison Blanche, une soixantaine d’officiels dont une moitié de représentants de l’équipe Trump. Parmi eux, Michael Flynn, qui sera son éphémère conseiller à la sécurité, Sean Spicer, le premier d’une longue liste de porte-parole de la Maison Blanche, Rick Perry, alors gouverneur du Texas avant d’occuper un temps le poste de ministre de l’Energie, et Wilbur Ross, l’actuel ministre du Commerce.
A en croire les anciens de l’administration Obama, les nouveaux venus ne semblaient de toute façon pas particulièrement intéressés…
Risques de pénuries. Ce dernier est l’un des rares participants de poids encore en place. Le turn-over (les deux tiers des nouveaux venus de l’époque ont plié bagage depuis, a compté Politico) pourrait expliquer en partie la gestion erratique de l’hôte de la Maison Blanche de la crise du coronavirus Covid-19. Sauf qu’à en croire les anciens de l’administration Obama, les nouveaux venus ne semblaient de toute façon pas particulièrement intéressés…
Dommage, car le brief apportait certaines grandes lignes de préconisations comme celle de travailler étroitement avec l’Organisation mondiale de la santé et les partenaires internationaux, et de réunir pour gérer la crise au niveau américain le ministère de la Santé, le Center for disease control (CDC) et le ministère de la Défense. « Dans le cas d’une pandémie, les jours et même les heures peuvent être importantes » prévenait-il, en avertissant aussi des risques de pénuries d’appareils respiratoires, de vaccins et autres médicaments essentiels. Le confinement figure parmi les éléments clés, ajoutait-il notamment.
Tout ce que n’a pas fait Donald Trump qui, peu de temps après son arrivée au pouvoir, avait fait procéder de surcroît au démantèlement de la section sanitaire du Conseil de sécurité nationale… C’est tout cela que n’a pas manqué de lui rappeler Susan Rice, l’ancienne conseillère nationale à la sécurité de Barack Obama, quand l’hôte de la Maison Blanche s’est défendu récemment en arguant que personne ne pouvait « imaginer un tel scénario ».