Un cadre de l’état-major ivoirien précise que ces 49 soldats appartenant au 8e détachement du NSE (National Support Element) sont arrivés à Bamako dimanche à la mi-journée, à bord du même avion qui avait ramené à Abidjan, le matin même, le précédent détachement. Deux avions même, pour être précis, l’un transportant les hommes, l’autre le matériel. « C’est une incompréhension malheureuse », explique ce haut gradé de l’armée ivoirienne, qui assure que tout était en règle pour leur arrivée.
Selon l’armée ivoirienne, ce sont pourtant des problèmes administratifs qui sont invoqués par les autorités maliennes. « D’abord, ils ont dit que l’avion n’était pas sur la liste des appareils autorisés à atterrir. Ce problème a été vite levé, poursuit cette source, mais maintenant, ils disent que nos soldats n’avaient pas de lettre de mission conforme. »
Le communiqué des autorités maliennes diffusé lundi soir va cependant beaucoup plus loin. Le porte-parole du gouvernement malien de transition, le colonel Abdoulaye Maiga a annoncé à la télévision nationale que ces soldats se « trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (…) en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation ». Pour le gouvernement malien, l’objectif des soldats ivoiriens était « de briser la dynamique de la Refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ».
« Le gouvernement de transition a décidé de transmettre ce dossier aux autorités judiciaires compétentes », a-t-il ajouté. Et Bamako demande la coopération d’Abidjan pour faire la lumière sur cette affaire.
« C’est une manœuvre pour créer de l’union nationale autour de prétextes fallacieux », s’agace un haut-gradé de l’état-major ivoirien, qui précise que les soldats détenus sont « bien traités. » Sollicités par RFI, ni l’armée malienne ni le ministère malien de la Défense n’avaient souhaité répondre. Les 49 soldats ivoiriens ont passé la nuit de dimanche à lundi en détention.
Un précédent danois
Selon les explications de l’armée ivoirienne, ces soldats sont là dans le cadre de la contribution ivoirienne à la Minusma. Ils sont détachés auprès d’une entreprise privée, SAS, Sahel Aviation Service, elle-même sous-traitante de la mission onusienne. Dirigée par un Allemand, cette entreprise travaille habituellement dans la sous-région pour des ONG, des groupes miniers ou encore, donc, pour les Nations unies. C’est en tout cas ce que précise son site internet puisque, jointe par RFI, l’entreprise SAS a confirmé être mobilisée sur le cas des militaires ivoiriens, mais n’a souhaité apporter aucune précision.
Selon l’armée ivoirienne, les soldats arrêtés à Bamako sont censés sécuriser des sites de la Minusma, notamment à l’aéroport de Bamako, mais aussi dans des « entrepôts logistiques ». La Mission onusienne n’a, elle non plus, pas souhaité faire de commentaire à ce stade.
Cette affaire rappelle celle des militaires danois : en janvier dernier, ils étaient arrivés au Mali dans le cadre de la force Takuba, en suivant les procédures habituelles. Les autorités maliennes avaient estimé que ces procédures ne suffisaient plus à garantir leur « consentement » et avaient contraint les militaires danois à rentrer chez eux.
Source : RFI