Le musicien Jacob Desvarieux est mort des suites du coronavirus alors qu’il avait reçu trois injections. Sur les réseaux sociaux, certains internautes y voient la preuve que les vaccins ne fonctionnent pas. C’est faux, on vous explique pourquoi.
Jacob Desvarieux, monstre sacré du zouk, est décédé vendredi 30 juillet des suites du coronavirus. Le musicien avait pourtant reçu trois doses de vaccin. Partisan de la vaccination, il se servait même de sa notoriété pour promouvoir la campagne vaccinale. Mais pour certains internautes, le décès de Jacob Desvarieux est la preuve que les vaccins ne fonctionnent pas. Sur twitter émerge même une théorie affirmant que le co-fondateur de Kassav’ est mort « d’overdose du vaccin covid ».
Jacob Desvarieux mort d’overdoses du vaccin Covid
— Poulinier Thierry (@PoulinierT) July 31, 2021
@lci @cnews Jacob Desvarieux mort du Covid avec 3 doses de vaccin! La preuve que le pass sanitaire ne sert à rien, car le vaccin ne l’a pas empêché de se contaminer et de mourrir! Il n’est qu’une hypocrisie pour rendre le vaccin obligatoire sans l’écrire dans la loi!
— Razer (@razerortega) July 31, 2021
Des vaccins peu efficaces chez les immunodéprimés
« L’immunodépression, c’est une diminution de la réponse immunitaire. Il y en a différents types. Il y a des gens qui sont très immunodéprimés, et il y a des gens qui le sont beaucoup moins », explique Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital Henri-Mondor de Créteil et expert à la Haute Autorité de Santé. L’immunodépression peut être présente dès la naissance, mais elle peut aussi être la conséquence de certains traitements médicaux. C’est le cas pour Jacob Desvarieux, qui faisait face à de nombreux problèmes de santé. Il a notamment reçu une greffe du rein. Lors d’une greffe, on prescrit au patient des immunodépresseurs. En limitant la production d’anticorps du patient, ces médicaments permettent de réduire les risques de faire un rejet de la greffe.
« Les gens qui ont des immunodépressions sévères, comme les transplantés d’organes, vont malheureusement avoir une efficacité vaccinale qui est très très faible y compris après trois doses, détaille Jean-Daniel Lelièvre. L’immunodépression est une mauvaise réponse immunitaire. Or, la vaccination sert à déclencher une réponse immunitaire. Donc c’est normal que ça ne marche pas, ou mal. Tous les vaccins fonctionnent mal chez les immunodéprimés, ce n’est pas spécifique aux vaccins anti Covid-19. »
Atteindre l’immunité collective pour protéger les plus fragiles
Face au coronavirus, les personnes immunodéprimées sont donc doublement vulnérables. Non seulement elles sont sujettes aux formes les plus graves de la maladie, mais elles sont aussi moins bien protégées par la vaccination. Les autorités de santé recommandent aux personnes immunodéprimées de recevoir trois injections, et non deux comme c’est le cas pour la population générale. Mais même avec ces trois doses, la protection n’est que partielle.
C’est une espèce de double peine, ce sont des gens qui sont à risque grave de Covid-19 et malheureusement chez qui la vaccination marche très peu.
Se vacciner, c’est aussi protéger ceux pour qui le vaccin n’est pas efficace. C’est le sens d’un avis publié par la Haute Autorité de Santé en avril dernier, qui insiste sur la nécessité de vacciner l’entourage des personnes les plus fragiles. « L’un des buts de la vaccination très large est d’atteindre ce qu’on appelle l’immunité de groupe, l’immunité collective. C’est justement pour protéger ces gens qui ne peuvent pas être protégés par la vaccination », résume Jean-Daniel Lelièvre.
Source : France info