Son souhait s’est réalisé. Le 11 avril, lors du dernier jour de campagne, Brice Clotaire Oligui Nguema appelait ses troupes à se mobiliser afin qu’il obtienne un « score soviétique ». Les résultats provisoires, annoncés par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, au lendemain du scrutin, donnent le tombeur d’Ali Bongo Ondimba vainqueur avec un score écrasant de 90,35 % des voix.
Au QG de campagne flambant neuf du Rassemblement des bâtisseurs (RDB), la plateforme de campagne du président-candidat, l’ambiance est, enfin, à la liesse générale. La veille, la cour, transformée en séance de projection géante des résultats, était remplie des militants appelés à rejoindre Brice Clotaire Oligui Nguema pour l’annonce, qui n’avait finalement pas eu lieu.
Nombreux invités
Le général de brigade était alors entouré de la première dame, Zita Oligui Nguema, du vice-président, Joseph Owondo Berre, du Premier ministre, Raymond Ndong Sima, du vice-Premier ministre, Alexandre Barro Chambrier, du vice-président de l’Assemblée nationale, François Ndong Obiang, mais aussi des principales têtes d’affiches du RDB, Anges Kevin Nzigou, Nora Kassa et Joanna Boussamba.
Plusieurs équipes se disputaient la venue du président, celle du directeur de campagne, Jean-Pierre Oyiba, et celle de Télésphore Ngomo, le porte-parole de la présidence. Les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) l’attendaient également dans un autre QG.
Mais au fil des heures, la compilation des résultats prenant plus de temps que prévu, l’enthousiasme est retombé. Le président et son épouse Zita Oligui Nguema ont quitté les lieux peu après minuit, avant que ne survienne la pluie, contraignant les équipes à ranger précipitamment le buffet prévu pour l’occasion.
Les militants sont, eux, restés jusqu’au petit matin, puis revenus pour l’annonce. En plus des ministres et chefs de gouvernement présents, d’autres personnalités se sont joints à eux, comme le général Pierre Amerein, un haut gradé du CTRI. À la tribune, en costume bleu foncé et accompagné de son épouse Zita Oligui Nguema, le général a prononcé ses premiers mots devant ses soutiens.
« Je tiens à saluer particulièrement la maturité du peuple gabonais, qui s’est distingué durant tout le processus électoral, a-t-il déclaré. J’en appelle à la sagesse des uns, des autres, de tous les bâtisseurs, et de tous ceux qui m’ont accordé leurs suffrages, d’attendre la proclamation des résultats définitifs de la Cour constitutionnelle. Je vous l’ai dit, pendant la campagne électorale, il n’y a pas de félicité sans efforts. […] Nous devons désormais tourner la page de l’élection présidentielle. ».
Bilie-By-Nze deuxième
Pour le général de brigade, désormais mis à disposition par l’armée, l’un des principaux enjeux de cette élection était le taux de participation. Estimé à 55 %, en novembre 2024, lors du référendum constitutionnel, il avoisine cette fois, selon les résultats provisoires du ministère de l’Intérieur en charge de l’organisation du scrutin, les 70,4 %.
Brice Clotaire Oligui Nguema a mené une campagne tentaculaire, écrasant sur son passage tous ses adversaires. La plupart des ténors de l’opposition ayant été rendus inéligibles par le durcissement du Code électoral, ce sont de nouveaux visages peu connus de la population gabonaise et aux moyens financiers réduits qui se sont présentés face à lui.
À une exception près : Alain-Claude Bilie-By-Nze, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, arrivé en deuxième position avec 3,02 % des suffrages. Présenté comme le principal adversaire du président de la transition, il a réalisé de bons scores au sein de la diaspora.
Prévu par le Code électoral, un éventuel second tour – qui n’avait pas été officiellement fixé – n’aura donc pas lieu. La Cour constitutionnelle, dirigée par un parent du président de la transition, doit désormais avaliser les résultats, mais des recours pourraient être déposés.