L’étau se resserrant de jour en jour sur lui à deux années de son dernier mandat, Alassane Ouattara, au soir de sa carrière politique, a choisi la diversion pour reprendre le poil de la bête : l’illusion d’un troisième mandat. Si ce ballon d’essai a pu ébranler certains Ivoiriens, le chef de l’Etat est suffisamment intelligent pour se permettre cette déculottée.
Narcissique. Alassane Ouattara, noyé par le refus catégorique d’une frange du PDCI, son allié, d’adhérer à un parti unifié aux contours très flous et la nécéssité de reformer la Commission électorale indépendante (CEI) sort du bois pour brandir un probable troisième mandat. L’ampleur devastatrice de sa gestion calamiteuse ponctuée par les nombreuses promesses de campagne non réalisées, Ouattara la connaît très bien. Les signaux sont au rouge en dépit des chiffres et autres tours de magie du prestidigitateur. Brusques opérations de déguerpissement sans programme de relogement en saison pluvieuse et à l’heure des examens de fin d’année, corruption ponctuée par les scandales des 500 milliards Frs Cfa disparus dans la filière café-cacao, les exonérations aux membres de la famille Ouattara, les surfacturations dans la rénovation de l’université Félix Houphouet Boigny, son ministre de la justice impliqué dans le scandale des véhicules mal dédouanés…Quant à la réconciliation nationale, les sofas de Ouattara s’accordent à reconnaître qu’il a échoué. Bref, aussi dorée que soit cette pilule du troisième mandat de Ouattara, les Ivoiriens ne l’avaleront point.
Par ailleurs, le chef de l’Etat n’oublie nullement son armée mexicaine, cette grande muette devenue très bavarde et revendicant des primes chaque année. S’il a échappé à deux reprises, la troisième risque de ne point lui être favorable. Des sources bien introduites revèlent que ce rêve d’un troisième mandat n’est nullement partagé au sein de la grande muette. Du reste, la simple annonce de ce troisième mandat est susceptible d’entraîner des troubles socio-politiques. Ce qui explique le report de la décision de Ouattara jusqu’en 2020. Ce n’est un secret pour personne. Sous la cendre chaude de la situation sociopolitique, brûlent encore des braises ardentes du mécontement des Ivoiriens dont les parents croupissent en prison. Le délit étant familial, voire ethnique ou régional sous Ouattara. Puis, l’on ne passe désormais pas une semaine en Côte d’Ivoire sans que les populations ne se soulèvent et ne s’en prennent aux symboles de l’Etat. Ce ras le bol pourrait se décupler face à un probable troisième mandat de Ouattara ou une quelconque manœuvre dilatoire visant à imposer aux Ivoiriens ses fidèles que sont Amadou Gon Coulibaly et Daniel Kablan Duncan, tous deux symboles de la gérontocratie dans laquelle s’est inscrit le régime d’Abidjan.
Cyrille NAHIN