Dans la garde-robe de la Franco-Grecque Chrysoula Zacharopoulou, les tuniques, vestes et pagnes africains figurent en très bonne place. Jusqu’à récemment députée européenne, la nouvelle ministre déléguée aux Affaires étrangères aime porter des couleurs chatoyantes, spécialement lorsqu’elle reçoit des personnalités du continent ou s’y déplace. Cette gynécologue-obstétricienne s’est vu confier le Développement, la Francophonie et les Partenariats internationaux. Des dossiers qu’elle connaît pour avoir été vice-présidente de la commission du développement du Parlement européen et rapporteure sur le partenariat Afrique-UE.
La cellule diplomatique a poussé pour qu’elle occupe ce poste. La ministre devrait bénéficier de l’expertise de l’Agence française de développement, le bras séculier de l’aide hexagonale qui a agrégé de nouvelles compétences sur la santé, l’éducation, le sport… Elle devrait porter la voix de la France en Afrique sur de grands sujets après avoir déjà fait le service après-vente de l’initiative Covax, un mécanisme de répartition équitable des vaccins à l’échelle mondiale, pour la France et l’Union européenne.
Questions mémorielles. Franck Riester a conservé son bureau du Quai d’Orsay, rue de la Convention, où une belle carte en bois de l’Afrique fait office d’ornement mural. Le ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité croit aux opportunités en Afrique pour les entreprises françaises. « Ce continent représente un enjeu stratégique pour les questions de développement durable et économique, et pour sa jeunesse, confiait le ministre à l’Opinion en 2020. L’Afrique va multiplier sa population par deux d’ici à 2050, ses grandes villes doublent de taille à chaque décennie, la croissance y est importante. » Depuis, il a multiplié les déplacements en Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est. Il travaille en relations étroites avec les organisations patronales, satisfaites de la continuité à ce poste.
L’agenda de ces deux ministres délégués devra s’articuler avec celui de Catherine Colonna, la nouvelle ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qui chapeaute leurs portefeuilles. Diplomate de carrière, l’ancienne porte-parole de Jacques Chirac à l’Elysée devrait, elle, plus se concentrer sur les questions stratégiques.
« On ne veut plus travailler sur l’Afrique en silo. L’idée est d’associer la plupart des ministères, de travailler avec les organisations multilatérales et les ONG sur de grandes causes »
D’autres ministres devraient être associés à la politique africaine en fonction des sujets poussés par l’Elysée. Nerf de la politique étrangère, la cellule diplomatique essaie d’impliquer le maximum d’acteurs publics, privés, de la société civile, conviés ponctuellement pour traiter un dossier particulier. « On ne veut plus travailler sur l’Afrique en silo, explique un fidèle d’Emmanuel Macron. L’idée est d’associer la plupart des ministères à la politique africaine, de travailler avec les organisations multilatérales et les ONG sur de grandes causes. Cela a partiellement fonctionné durant le premier quinquennat mais pas suffisamment, plusieurs ministres n’ayant aucune appétence pour l’Afrique ».
La nouvelle équipe gouvernementale ne semble pas avoir cette lacune. Les ministres Rima Abdul Malak (Culture) et Pap Ndiaye (Education nationale et Jeunesse) pourront être sollicités sur les questions mémorielles. La première a participé à la réflexion sur ces sujets en tant que conseillère culture et communication d’Emmanuel Macron. Cette passionnée des arts vivants pourra aussi apporter son expertise pour promouvoir la politique muséale du chef de l’État en lien avec la restitution des œuvres d’art en Afrique. Le second pourra être convié sur la réflexion éducative alors que le chef de l’Etat a renforcé la contribution française et veut jouer un rôle moteur dans le Partenariat mondial pour l’éducation, particulièrement en Afrique.
Alimentation. Dans le cadre de la préparation des JO 2024, le ministère du Sports, confiée à Amélie Oudéa-Castéra, pourrait aussi apporter sa contribution pour dynamiser la coopération avec les athlètes du continent. En attendant, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de Marc Fesneau est déjà associé sur un sujet international. Emmanuel Macron a lancé, le 24 mars, l’initiative diplomatique Mission de résilience alimentaire et agricole (Farm)et devrait tenir un sommet à Paris sur le sujet, probablement en juin. Le but : remettre l’alimentation au sein des débats mondiaux à l’heure du conflit ukrainien.
« Les cours des céréales flambent et vingt millions de tonnes sont bloquées en Ukraine, ce qui affecte les pays du Moyen-Orient, d’Afrique subsaharienne et du Nord qui peinent à se fournir sur les marchés mondiaux, explique l’un des chevilles ouvrières de cette rencontre. L’idée est de solliciter les acteurs du négoce et de la logistique pour faciliter l’évacuation des produits et relancer la production dans les pays du Sud. »
Source : L’Opinion.fr