Il s’appelle Douyou Nicaise à l’état civil mais plus connu sous le pseudonyme de Samba David. Leader de la société civile , Coordonnateur national de la Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire(CICI) pendant 11 ans il a été arrêté et emprisonné à 8 reprises. Aujourd’hui, il a décidé de faire officiellement la politique. Et il a choisi le plus vieux parti politique de la Côte d’Ivoire: le PDCI-RDA de Tidjane Thiam. Il confie à Eventnewstv les raisons de ce choix qui étonnent ceux qui l’attendaient plutôt dans un parti de gauche.
Monsieur Samba David, depuis quelques jours,nous avons appris que vous avez officiellement déposé votre adhésion au PDCI-RDA. Le confirmez-vous cette information?
Oui je confirme mon adhésion au PDCI-RDA, adhésion officiellement actée mercredi 26 juin au cours d’un point de presse. J’ai pris ma carte de militant.
Qu’est-ce qui a motivé cette option puisqu’on vous savait un militant de gauche puis militant des droits de l’homme?
Militant des droits de l’homme, je le suis dans les veines parce que l’injustice est quelque chose que je réprouve profondément. Devenant un acteur politique, je n’abandonne pas le combat pour les droits de l’homme. Militant de gauche, oui. Mais le contexte actuel me pousse à répondre à l’appel du Président Tidjane Thiam. Il invite les Ivoiriens à s’inscrire dans un combat, celui de la renaissance de la Côte d’Ivoire. Et je partage ce combat car notre pays est à repenser. Avant de répondre à l’appel du Président Tidjane Thiam, j’avais plus d’une fois, dit dans mes vidéos qu’en Côte d’Ivoire, tout est à refaire. Cela renforce mes convictions de partage et de défense des droits humains. Il y a plusieurs partis politiques sur l’échiquier ivoirien mais il fallait faire un choix. Le mauvais choix, c’est l’absence de choix. J’ai fait le choix d’être au PDCI-RDA sous le Président Tidjane Thiam. J’estime que ce Monsieur peut apporter beaucoup à ce pays.
Qu’est-ce qui vous fait dire ça?
Le Président Tidjane Thiam arrive avec des idées, avec un programme d’activités qui met d’abord l’accent sur la cohésion interne au PDCI-RDA. Il fait d’abord l’état des lieux de son parti puis l’état du pays. Il fait une étude qui fait découvrir que les régions qui produisent les richesses en Côte d’Ivoire sont abandonnées pourtant elles sont les plus peuplées. Sur 30 millions d’habitants en Côte d’Ivoire, vous verrez que ces régions ont le 1/3 de la population. Dans le district des montagnes, on a 3 millions d’habitants, dans le district du Bas-Sassandra, 2,7millions d’habitants, district de Haut Sassandra- Marahoué, 2,700 millions habitants, district du Gôh-Djiboua, 2,100 habitants. Sur 15 districts, ces 4 districts seuls font 10, 5 millions d’habitants. Le 1/3 des populations du pays se trouvent dans ces 4 districts parce que c’est la zone de grandes richesses minières et agricoles et pourtant elles ne bénéficient pas des infrastructures qu’elles méritent. Elles sont abandonnées.
Une étude faite par le Président Tidjane Thiam confirme ce que nous constations depuis et qui ouvrent aujourd’hui les yeux de tous ceux à qui on sert quotidiennement une propagande creuse. En plus, il faut dire que le centre-ouest produit 36% du cacao ivoirien mais c’est une zone qui ne bénéficie pas des chiffres de croissance du pouvoir RHDP. Donc j’ai opté pour militer aux côté du Président du PDCI-RDA.
Mais, ça c’est le constat et qu’en est-il de ce qu’il projette pour la Côte d’Ivoire?
Il veut rendre les Ivoiriens riches. Quand on dit aujourd’hui que l’Amérique est le pays le plus endetté au monde, c’est vrai mais c’est auprès des hommes d’affaire américains que l’État s’endette. Ce n’est avec d’autres pays encore moins auprès du FMI et de la Banque mondiale. Ce sont les citoyens américains rendus riches par la politique économique des dirigeants qui prêtent à l’État. Tidjane Thiam est dans cette logique. Toute politique qui vise concrètement à rendre les Ivoiriens riches, j’adhère.
Mais avant Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo promettait aussi de rendre les Ivoiriens riches. C’était ça le sens de son slogan « donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende ». Il estime que la Côte d’Ivoire est riche mais les Ivoiriens sont pauvres…
Je ne veux pas faire de polémique sur la gestion du Président Laurent Gbagbo. Quelqu’un qui est mon père et pour qui j’ai une grande estime et un grand respect. Mais je dis que la vision politique de l’ingénieur des Finances me séduit et je le rejoints. Le PDCI-RDA ne vient pas de naître. C’est le plus vieux parti politique du pays mais il ne m’avait jamais intéressé. C’est la démarche et les projets du Président Thian qui m’attirent.
Est-ce que ce n’est pas votre proximité avec le député Dia Houphouët Augustin qui a joué?
L’honorable Dia Houphouët est un homme qui inspire plus d’un Ivoirien. Savez-vous pourquoi il est venu à la politique? Voici quelqu’un qui travaillait dans une entreprise des mines. Il était directeur des moyens généraux. Il gagnait des millions de Francs CFA par mois. Et il a remarqué que les plus pauvres payaient plus d’impôts que les plus riches. Il sait que c’est les politiques qui décident des agréments d’exploitation minière et de la fixation des taux d’ impôts, alors il a démissionné pour faire la politique. Cette conviction, je la partage. Je suis son conseiller spécial depuis quelques années. Oui son militantisme a un peu déteint sur moi.
Mais certaines personnes vous croyaient au PPA-CI et pensent que vous avez quitté ce parti pour le PDCI-RDA.
Je n’ai jamais milité au PPA-CI. Les premiers responsables de ce parti le savent. Mon nom ne figure dans aucun registre du PPA-CI. On me juge proche du Président Laurent Gbagbo. Oui parce que je suis de Ouragahio. Oui parce que je suis de la tribut Brouga, composé de 7 villages dont Mama le village du Président Laurent Gbagbo et Zébizékou, mon village. Familièrement, je suis donc proche de lui. A un moment venu, j’ai pris position pour lui parce que j’estimais qu’il était victime d’une grande injustice. Je l’ai défendu surtout pendant la crise post-électorale. J’ai estimé que c’était un innocent qui a été arrêté. Et en ma qualité de Coordonnateur de la Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire, qui défend la démocratie et les droits de l’homme, je ne pouvais pas supporter ce mensonge monté de toutes pièces. J’ai donc fait ce que je pouvais. Cela m’a valu beaucoup de méchanceté du régime RHDP, avec plusieurs années de prison. L’innocence du Président Laurent Gbagbo a été reconnue et il a été libéré. Je suis heureux pour cette issue. Mais j’ai fais ma part.
La Coalition des indignés, avec vous, c’est fini?
Presque fini. Bientôt je passe la main à une autre personne. Mais il faut dire qu’être militant des droits de l’homme et donc de la société civile en Côte d’Ivoire n’est pas facile. Les Ivoiriens souffrent mais refusent de lutter pour se libérer. Ils sont plus sensibles aux appels politiques qu’aux appels pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Quand le prix de l’électricité augmente et que tu les appelles à manifester, ils ne bougent pas mais quand on les appelle à un meeting politique, ils sont là. La société civile rencontre des difficultés. Des associations naissent et se transforment en laudateurs du régime pour obtenir des subventions. Ceux qui refusent de chanter les louanges sont envoyés en prison ou contraints au silence. Le poids devient lourd surtout lorsque tout combat de la société civile conduit par un dirigeant de la société civile n’est pas compris par ceux pour qui ce combat est mené. Pour parler à quelqu’un, il faut utiliser le langage qu’il comprend. C’est pourquoi, je viens en politique et au PDCI-RDA sous le Président Thiam car je retrouve en lui les idées que je défendais à la société civile. C’est un homme de consensus. Voyez-vous, il y avait plusieurs candidats au départ pour la présidence du PDCI-RDA. Et Qu’a-t-il fait? Il n’a diabolisé personne. Il a rencontré les uns et les autres et les a convaincus à le rejoindre pour une synergie d’actions. Je suis fasciné par cette approche. Et donc je viens au PDCI-RDA sous Tidjane Thiam pour continuer le combat pour la démocratie et la justice.
Interview réalisée par Dan Opéli