Téné Birahima Ouattara, le ministre ivoirien de la Défense, a réuni ce mercredi à Abidjan les familles des 49 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis plus de trois semaines. Ils sont accusés par Bamako d’être des mercenaires, mais selon les autorités ivoiriennes, ils allaient rejoindre la force onusienne au Mali.
Des mères, des pères, des épouses, des enfants… Les familles des 49 soldats militaires étaient donc représentées en nombre par leurs familles à l’état-major des armées. Le ministre de la Défense a souhaité les rassurer. « Vos frères, vos enfants, vos maris, n’ont pas du tout fauté. Ils y étaient dans le cadre d’une mission de soutien et je voudrais aussi vous rassurer [sur le fait] que vos soldats ont bon moral, sont traités dans les conditions normales. »
Le ministre a également assuré mettre tout en œuvre pour leur libération. Mais 24 jours après l’arrestation de leurs proches à Bamako, les familles n’ont toujours aucune nouvelle. Une attente insupportable pour Pascaline, petite sœur de l’un des soldats. « Je ne dors pas tellement ça me fait du mal, confie-t-elle. La nuit, quand je pense à lui, dès que je me réveille, je suis en pleurs. Son fils a eu le bac, on ne sait pas comment on va lui dire. Mon cœur saigne. »
Durant cette période d’attente, l’armée ivoirienne a promis une somme de 300 000 francs CFA aux familles.
Le nerf de la guerre
Pendant ce temps, les tractations se poursuivent. Le président togolais Faure Gnassingbé assure la médiation dans cette affaire. Il a reçu fin juillet à Lomé une délégation malienne et une délégation ivoirienne. Mais pour l’instant, la situation reste bloquée. Une source togolaise proche du dossier reconnaît que la rencontre à Lomé et les entretiens téléphoniques qui ont suivi n’ont encore rien donné.
Le gouvernement malien a fait deux demandes qui ont été rejetées par la Côte d’Ivoire. La première : que les autorités ivoiriennes expriment par écrit « des regrets » pour l’arrivée qualifiée d’« illégale » des 49 militaires sur le sol malien. Deuxième demande : que soient livrés à Bamako des ressortissants maliens poursuivis par la justice malienne et se trouvant sur le territoire ivoirien. Parmi ces ressortissants : l’ancien ministre de la Défense Tiéman Hubert Coulibaly, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et Karim Keïta, fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.
Après ce double refus de la partie ivoirienne, la délégation malienne aurait avancé ce qu’une autre source proche du dossier appelle « le nerf de la guerre » : ainsi le Mali aurait demandé à la Côte d’Ivoire de l’aide auprès de la BCEAO, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) pour lui faciliter des décaissements. Là encore, les négociateurs ivoiriens n’ont pris aucun engagement.
La médiation togolaise devrait prendre de nouvelles initiatives, dès ce jeudi. « Le Mali et la Côte d’ivoire veulent régler pacifiquement cette affaire », affirme une source proche du dossier.
Source : RFI