Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien, célèbre à 73 ans, son huitième anniversaire en prison. Dans les lignes qui suivent, l’intégralité du message émouvant adressé par son filleul, son compagnon de céllule, Charles Blé Goudé.
31 Mai 2014, 31 mai 2015, 31 mai 2016, 31 mai 2017, 31 mai 2018 ; c’est la cinquième fois consécutive que les circonstances de la vie et de l’histoire me contraignent à te souhaiter joyeux anniversaire derrière les barreaux.
Tes adversaires qui t’ont enfermé dans l’optique de te faire oublier, ont plutôt ouvert les portes aux peuples du monde, qui au fil du temps, découvrent ta philosophie politique dans toute sa grandeur.
Ils t’ont enfermé dans le but de t’éloigner de ton pays, mais réalisent au contraire que ton éloignement te rapproche de ton peuple. Même loin, tu demeures dans le cœur des Ivoiriens.
Le nier serait faire preuve d’une myopie politique.
À y voir de près, papa, tu es même plus libre que Sarkozy, celui qui t’a livré aux forces Pro-Ouattara. Il a abusé de son pouvoir pour porter le glaive dans le sein de la jeune démocratie ivoirienne qui était en voie de construction. Chaque jour qui passe, l’opinion française et internationale découvre comment ce monsieur a rabaissé la grande France de Charles De Gaulle et de François Mitterand. Dégoûtés par ce président impopulaire indigne de la grande France, les français ont rejeté Nicolas Sarkozy en 2012. Lors des primaires de la Droite en 2016, sa propre famille politique «Les Républicains» (LR) l’a aussi vomi de la manière la plus honteuse et la plus abjecte : ça, c’est plus que la prison !
Si les français se sont débarrassés de Nicolas Sarkozy malheureusement, nous, Ivoiriens, continuons de payer cher les conséquences des actes et des choix de ce monsieur qui a toujours regardé l’Afrique de haut .
Aujourd’hui, son patronyme s’arrime à des affaires sales que la justice française ne finit pas d’instruire.
Mais toi, malgré les vaines tentatives des propagandistes qui brigandent l’histoire pour lui tordre le cou, ton nom est définitivement gravé en lettres d’or dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
En ce qui me concerne, tes idéaux, ton courage en faveur du petit peuple vulnérable, ont nourri ma jeunesse.
Et comme de nombreux jeunes de ma génération, j’ai toujours rêvé de te ressembler.
Ton humanisme, ton esprit d’ouverture, ta générosité, même envers tes adversaires les plus endurcis ; toutes ces valeurs que tu incarnes m’ont séduit.
Me voici maintenant dans un univers carcéral avec toi depuis maintenant 5 ans.
Cinq ans que tu me transmets tous les matins ta bonne humeur et tes enseignements sur l’histoire et le fonctionnement du monde.
Le meilleur hommage que je puisse te rendre ce jour de la 73ème année de ta vie consacrée à nos vies, c’est de te promettre papa, que les enseignements politiques et les leçons de la vie que j’ai reçus de toi, je tacherai de les garder précieusement en moi pour qu’elles me servent de boussole dans ma vie.
En plus de les mettre en pratique, je les partagerai avec le maximum d’ivoiriens et d’africains.
Pour finir, j’ai l’intime conviction, que le jour viendra où nous retournerons chez nous, auprès de nos familles et de tous les ivoiriens qui ont aussi hâte de te revoir.
Merci professeur, merci Président, merci papa, car de ta vie tu as fait don !
Que Dieu te garde encore longtemps sur cette terre des hommes.
Joyeux anniversaire
Ton fils Charles Blé Goudé