PRESSION. Le président français a tenu ces propos en marge du Salon de l’agriculture, après la mort de 23 personnes au cours d’une opération militaire.
La sortie du président Emmanuel Macron sur la situation sociopolitique au Cameroun suscite beaucoup de réactions. Interpellé par un activiste camerounais de la Brigade anti-sardinards (Bas) au Salon de l’agriculture ce samedi 22 février, le chef de l’État français a dénoncé « des violations des droits de l’homme intolérables » au Cameroun. En poursuivant la discussion, le président français a aussi donné des informations sur la libération de l’opposant Maurice Kamto. Au lendemain de cet échange, il n’y avait pas de réaction officielle côté camerounais.
De quoi s’agit-il ?
Le pays du président Paul Biya, 38 ans au pouvoir, est sous la pression de la société civile, de l’ONU et des organisations internationales après la mort de 23 personnes, dont une majorité d’enfants, au cours d’une opération militaire dans un village de l’Ouest anglophone. Le 14 février, peu avant l’aube, des hommes armés – entre 40 et 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants. « Je vais appeler la semaine prochaine le président du [Cameroun] Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l’homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum », a expliqué le chef de l’État français. L’opposition et des ONG locales ont accusé les militaires, qui combattent depuis trois ans des groupes armés sécessionnistes anglophones, d’être responsables de cette tuerie. Ce qui a d’abord été démenti par un porte-parole militaire. Mais peu après, l’état-major a fait part d’un « malheureux accident ».
Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants, dont 9 âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays. L’armée camerounaise de même que les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.
Un rôle compliqué….
« La France a un rôle compliqué en Afrique, quand la France dit : « Tel dirigeant n’a pas été démocratiquement élu, les Africains nous disent de quoi vous mêlez-vous ? » Moi, je mets la pression sur chacun ; je travaille avec l’Union africaine pour mettre la pression », a ajouté Emmanuel Macron en faisant valoir que « ce n’est pas la France qui peut faire la démocratie au Cameroun, ce sont les Camerounais ». Et sur ce point, le chef de l’État français a indiqué avoir joué un rôle clé dans la libération de l’opposant Maurice Kamto. « J’avais dit au président Biya : « Je ne veux pas qu’on se voie à Lyon tant que Maurice Kamto n’est pas libéré. » Et il a été libéré parce qu’on a mis la pression », a expliqué Emmanuel Macron. Maurice Kamto et des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont recouvré la liberté le 5 octobre 2019. Ils auront passé plus de 9 mois en détention. Et en effet, le chef de l’État camerounais, Paul Biya, avait fait le déplacement pour la sixième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à Lyon. En tout cas, Emmanuel Macron a indiqué qu’il allait mettre la pression nécessaire pour faire cesser les violations notées dans les régions anglophones.