Deux mois après l’arrestation, à Bamako, de 49 soldats ivoiriens et leur inculpation en août pour « tentative d’atteinte à la sureté extérieure de l’État », la Côte d’Ivoire hausse le ton et dénonce « un chantage inacceptable » de la part de la junte malienne, qui conditionne désormais la libération des militaires à l’extradition de personnalités maliennes vivant sur le sol ivoirien. Il s’agit notamment de Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), renversé par les colonels en 2020, et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous IBK.
« Cette demande confirme, une fois de plus, le fait que nos soldats ne sont, en aucun cas, des mercenaires, mais plutôt des otages », a déclaré le secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité (CNS), Fidèle Sarassoro, à l’issue d’une réunion extraordinaire présidée ce mercredi 14 septembre par Alassane Ouattara.
« Le Conseil national de sécurité considère ce chantage comme inacceptable et exige la libération, sans délai, de nos 46 soldats [trois femmes militaires ont été libérées le 3 septembre] », affirment les autorités ivoiriennes, qui jusque-là avaient privilégié la voie diplomatique pour sortir de cette crise qui oppose les deux capitales ouest-africaines.
Réunion extraordinaire de la Cedeao
« Au regard des derniers développements qui sont de nature à porter atteinte à la paix et la sécurité dans la sous-région », la Côte d’Ivoire souhaite la tenue « dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement » de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a annoncé Fidèle Sarassoro.
Le 29 juillet, un premier round de négociations ivoiro-malien s’est déroulé à Lomé sous la houlette du président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé. Une tentative qui n’a pas permis de trouver une issue favorable à cette crise. De nombreuses personnalités politiques, religieuses et des affaires de la sous-région s’activent dans ce dossier pour jouer les médiateurs.
Selon les informations de Jeune Afrique, le chef de l’État ivoirien s’est entretenu par téléphone le 7 septembre avec António Guterres, dont il est proche. Ce dernier lui a répondu qu’il allait s’impliquer personnellement dans la résolution de cette crise, et ce dans les meilleurs délais. Les Nations unies devraient donc demander la libération des soldats avant l’ouverture, le 20 septembre à New York, des débats de l’Assemblée générale. Cette requête sera directement adressée au chef de la junte, Assimi Goïta.