Guihounou Bouazo (47 ans), est le responsable de l’espace de libre pensée intitulé Sénat 47, sis à Abidjan, Yopougon sicogi. Après avoir risqué sa vie pour Gbagbo, il est taxé de traite par l’aile radicale du parti de l’ex-président. Eventnewstv fait un zoom sur ce militant de la libre expression.
Vendredi 4 mai 2018, 18 heures. Des individus se reclamant de l’aile radicale du Front populaire ivoirien (FPI) font irruption à l’espace Sénat 47 et le mettent sens dessus-dessous. Ils reprochent au responsable de ce lieu de libre pensée d’être un traite. En réalité, Gnihounou Bouazo, las de la crise fractricide du parti de Gbagbo qui fait le lit de Ouattara, avait décidé de prôner l’unité. Ce qui est vu d’un mauvais œil par le camp Aboudrahamane Sangaré, du nom du chef de file de l’aile radicale. Bouazo avait invité Mamadou Koulibaly, Ouattara Gnonzié à des meetings et se préparait à recevoir Jean Louis Billon. « Après avoir risqué ma vie, on me qualifie de traite pour avoir prôné l’union des deux branches du parti de Gbagbo. », regrette-t-il la gorge nouée. Bouazo décide de se mettre en retrait des activités du FPI, toute tendance confondue.
« Je reste pro-Gbagbo, j’attends Gbagbo. Aboudrahamane Sangaré, pour qui, j’ai risqué ma vie, ne me connait pas. Pareil pour Affi. », coupe court celui qui était tant sollicité pour les mobilisations et demeure inconnu des deux tendances.
Une ‘‘Sorbonne’’ après l’arrestation de Gbagbo !
Le pari est risqué, voire fou. Six mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo, encore détenu à Korhogo, Guihounou Bouazo crée un espace de libre pensée communement appelé ‘‘Sorbonne’’. « J’étais recherché par les rebelles. A un moment, je n’avais pas les moyens d’aller en exil. J’ai décidé de me rendre. Je leur ai dit que Ouattara avait le pouvoir et qu’il fallait aller à la réconciliation. C’est ainsi que Djédjé Bagnon, responsable du RHDP à Yopougon, m’a soutenu. J’ai donc fait un premier meeting à cet espace oû j’ai invité Wattao. », revèle-t-il. Cette sorte d’autorisation obtenue à un moment oû l’appartenance au parti de Gbagbo était un crime de lèse-majesté voire la signature d’un arrêt de vie, Bouazo prône d’emblée la réconconciliation avant de revenir à son premier amour, celui de défendre les idéaux de l’ex-président ivoirien.
Les intimidations sont monnaies courantes
A maintes reprises, la police met l’espace sens dessus dessous non sans confisquer la sonorisation. Lors de la pétition en faveur de la libération de Gbagbo, la police du district de Yopougon dirigée par le commissaire Yéo débarque à l’espace Sénat 47 le 15 juillet 2016 et saccage tout, interpelant trois militants. Ils seront déférés au grand pénitencier d’Abidjan avant d’être libérés sous la pression des ONG internationales. Les riverains, las des represailles intempestives et de suffoquer des gazs des bombes lacrymogène des agents des forces de l’ordre, se retournent contre Bouazo. Mais avec le courage, il finit par l’emporter aussi bien sur le voisinage que le régime d’Abidjan. « On est dans un zégrémayo (la duplicité selon une expression de la FESCI Ndlr). Quand la police arrive, je me rends et je leur demande pardon. », indique-t-il.
L’avenir de Bouazo
Titulaire d’un Brévet de Technicien Supérieur (BTS) en gestion commerciale, Guihounou Bouazo est commercial, sous l’ère Robert Guei, dans une entreprise privée pendant 4 ans. Il perd son travail sous Gbagbo en 2006. Dès lors, le père de trois enfants, marié légalement, est à la recherche d’un emploi. « La carrière politique ne m’intéresse pas véritablement. Mais je veux une Côte d’Ivoire pacifique avec une redistribution équitable des ressources et des emplois. », affirme-t-il regrettant la prédominance du militantisme sur les diplômes ou le savoir faire en Côte d’Ivoire.
Cyrille NAHIN