Les querelles de ménage au sein du RHDP, coalition au pouvoir d’Abidjan, mettent à nu les positions de certains caciques du PDCI, soucieux de justifier la confiance placée en eux par le Président Ouattara.
Le cul entre deux chaises. Des passes d’armes au sommet de l’Etat sur les berges de la lagune ébrié, entre PDCI et RDR, trois positions se dégagent. En face des fidèles sofas du Boudha de Daoukro qui exigent, à juste titre, le respect de la promesse du Président Ouattara de céder le pouvoir d’Etat au PDCI au soir de son second mandat, se présentent deux groupes.
D’emblée, ceux murés dans un silence de cimétière à l’image du vice-président Daniel Kablan Duncan ou encore du sécrétaire général de la présidence Patrick Achi. Leur formation politique vouée aux gémonies par les paons de la cour royale, ils demeurent muets telle une carpe. Cette stratégie politique, aux contours quelque peu flous, se comprend tout de même. En effet, Daniel Kablan Duncan est certes issu du PDCI. Mais ses rélations, étroitement liées à Alassane Ouattara, conditionnent sa posture. Ministre des finances dans le gouvernement Ouattara en 1990, le natif de Ouéllé est certes fait premier ministre par Henri Konan Bédié en 1993. Toutefois, après la chute du régime Bédié lors du coup d’Etat du 24 décembre 1999, c’est encore Alassane Ouattara, devenu président de la République en 2011, qui réscussite le vieil homme (74 ans) en faisant de lui ministre des affaires étrangères, Premier ministre et enfin vice-président. Que demande le peuple ? Il en est de même pour Patrick Achi. Les gâlons gagnés dans les gouvernements successifs de l’ère Gbagbo, Alassane Ouattara donne un cachet spécial à sa longévité gouvernementale en le maintenant à son poste de ministre des infrastructures économiques. Il passe 16 années à ce poste sans discontinuté de 2000 à 2017 avant d’être nommé secrétaire général de la présidence. En somme, ces tenors du PDCI, devenus ‘‘Alassanistes’’ ont opté pour la loi de l’omerta. Du reste, PDCI ou RDR au pouvoir d’Etat, ils demeurent à la maison. Les chants des sirènes et discordes n’en valent pas la chandelle.
A côté des partisans du silence, une autre catégorie de missi dominici érigée en avocat du régime Ouattara voit le jour au PDCI. Kobénan Kouassi Adjoumani, ministre animal des ressources halieutiques, s’inscrit dans cette posture. «L’objectif d’une telle candidature est double : d’abord, assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de la paix. Ensuite, aboutir à un parti unifié, PDCI-RDR, pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux, l’alternance au pouvoir dès 2020 », rappele-t-il aux partisans du l’alternance citant le texte dit originel de l’appel de Daoukro du 17 septembre 2014. Le professeur de français au lycée Leboutou de Dabou (1989-1995), entré au gouvernement en août 2002 livre des prestations de haut niveaux qui lui valent le mérite de faire la une du journal Le Patriotre, proche du RDR.
Il n’empêche que Adjoumani, Duncan, Achi et autres sortiront le grand jeu lorsque l’herbe piquante de la chute du pouvoir d’Etat caressera les postérieurs au RDR, celui du retournement de la veste.
Cyrille NAHIN