Le débat inter-RHDP, coalition au pouvoir à Abidjan, sur les entennes de RFI, dimanche 8 avril 2018, a sonné comme un camouflet pour nombre d’Ivoiriens. Les raisons.
Par fanfaronnade ou par pure naiveté, Adama Bictogo, ancien ministre, vice-président du RDR chargé de la mobilisation, Jean-Louis Billon, ancien ministre, porte-parole du PDCI-RDA, Méité Sindou, conseiller du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro et Bertin Kouadio Konan, membre du bureau politique du PDCI-RDA, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2015 se sont décullotés sur les ondes de RFI en ecumant le linge sale de la coalition au pouvoir d’Etat dont ils sont tous membres, à la face du monde. Le paradoxe est éloquent car ces acteurs politiques refusent les plateaux des journalistes ivoiriens au détriment de ceux de la métropole. Ce qui en dit long sur l’intérêt qu’ils portent à ceux qu’ils prétendent diriger.
Tout un symbole de la servitude volontaire d’une frange d’Africains après 60 années de souveraineté. Esperons que les Ivoiriens pourront rêver un jour de voir des cadres du mouvement ‘‘En marche’’ d’Emmanuel Macron sur un plateau de leur Télévision nationale (RTI). Le camouflet est si grand grand que ce débat n’est rien d’autre qu’un assemblage de coquins, un débat inter-RHDP qui aurait pu se tenir dans l’un des sièges des partis membres à défaut de la Télévision nationale. Adama Bictogo, ancien ministre, vice-président du RDR chargé de la mobilisation franchit le rubicond du ridicule lorsqu’il affirme : « Les officines pour débattre n’existe pas. Les meetings deviennent des lieux de débats. », admet-il. « Et la faute est à qui ? », sommes-nous tenter de lui demander. Le RHDP semble gouverner et jouer le rôle de l’opposition.
La pensée unique selon Ouattara
Cette situation peu honorable pour la Côte d’Ivoire est symptômatique de la caporalisation des médias de service public. Enfermé dans sa conception médiévale de la démocratie, le régime Ouattara s’asseoit rarement à la table de la démocratie. Les tirs à boulets rouges des citoyens ivoiriens remontés contre la RTI (Radiotélévision ivoirienne) devraient être réorientés vers le palais d’Abidjan. C’est une coutume ivoirienne loin d’être spécifique au régime Ouattara. Le pouvoir d’Etat fait la promotion des journalistes militants. Une épée de Damoclès sur la tête de tout journaliste de la RTI désireux de faire son travail sans toutefois subir les foudres du régime. Il s’en suit une autocensure et la Télévision nationale se résume aux agendas du Président, de son épouse et de ses ministres ainsi qu’aux télés novélas.
Cyrille NAHIN