Inculpés pour des crimes postélectoraux en 2010-2011, des ex-chefs rebelles proches d’Alassane Ouattara ont vu ce régime voler à leur secours, évocant la présomption d’innocence.
C’est à Anne Ouloto, porte-parole adjointe du gouvernement ivoirien qu’est revenue la lourde tache de défendre l’indéfendable. « Il y a quand même une présomption d’innocence qui existe, au nom de cette présomption d’innocence, on devait aborder cette question avec retenue. Il faut permettre à la justice de faire toutes les enquêtes nécessaires, et à terme, on pourra tirer les conclusions », a-t-elle lancé lors de la traditionnelle conférence de presse après un Conseil des ministres. Pourtant, des ex-chefs de guerre proches de l’actuel chef de l’Etat dont Losseni Fofana alias ‘‘Loss’’ et Cherif Ousmane sont inculpés depuis 2015 par la Cellule Spéciale d’Enquête et d’Instruction (CSEI) pour des crimes commis de novembre 2010 à avril 2011 dont le bilan s’élève à plus de 3.000 morts.
Cette réaction du régime d’Abidjan fait suite au rapport de dix organisations de défense des droits de l’homme qui avaient dénoncé, mardi 9 mai dernier, une Justice des vainqueurs. « Le seul procès pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité à s’être déroulé en Côte d’Ivoire est celui de l’épouse de l’ancien président, Simone Gbagbo, acquittée par un tribunal ivoirien en mars 2017, après un procès entaché d’irrégularités de procédure et en raison de la faiblesse de l’enquête menée par l’accusation », a-t-elle indiqué. Tout comme ces organisations, nombre d’Ivoiriens déplorent le manque de volonté politique du Président Ouattara de voir les ex-chefs rebelles livrés à la Justice. Au contraire, les partisans de l’ex-Président, Laurent Gbagbo pillulent dans les prisons.
Cyrille NAHIN