Le Président Ivoirien et son ancien Premier Ministre ont fait des discours contrastés à l’occasion de la commémoration du 64ème anniversaire de la Côte d’Ivoire.
D’un côtè Alassane Ouattara a affirmé faire de la cohésion sociale le socle du développement et s’est félicité de sa politique économique et sociale ayant fait reculer la pauvreté.
De l’autre côté, Guillaume Soro a estimé que le régime RHDP est peu soucieux de la réconciliation. Il en veux pour preuve un paysage politique bloqué, un processus de décrispation au point mort et des séquelles de la crise post-électorale de 2010-2011 encore perceptibles.
Alors que le Chef de l’État déclare que « nous sommes sur la bonne voie » du fait des progrès économiques enregistrés et de l’efficacité des réformes sectorielles et des instruments de lutte contre la pauvreté, l’ancien président de l’Assemblée nationale a indiqué que l’économie ivoirienne est en crise à cause de sa trop forte dépendance de la fluctuation des cours des matières premières agricoles, d’une très forte dette intérieure et d’une richesse extravertie car reposant sur des entreprises étrangères. C’est, selon lui, cette situation économique difficile qui aggrave le chômage et pousse les jeunes à risquer leur vie en quittant le pays souvent par des moyens désespérés.
« Je suis heureux des progrès enregistrés en matière de capital humain, deuxième pilier du Plan National de Développement 2021-2025. Qu’il s’agisse d’indicateurs sociaux ou de développement, nous avons enregistré des progrès significatifs, grâce aux nombreux projets et réformes mis en œuvre dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ainsi que de la nutrition, s’est réjoui Alassane Ouattara.
« La Côte d’Ivoire est confrontée à une augmentation alarmante du coût de la vie….Le chômage a particulièrement augmenté parmi les jeunes et la pauvreté affecte environ 38 % de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté…Le manque d’emploi, l’absence de perspectives professionnelles, ainsi que les défaillances des systèmes éducatif et sanitaire, poussent nos jeunes à risquer leur vie dans le désert ou en mer, espérant atteindre un eldorado qui leur ferait oublier leur situation de misère dans leur propre pays », s’est indigné Guillaume Soro.
La cherté de la vie, le Président ivoirien en convient. Tout en estimant que c’est un phénomène mondial, il a demandé à son 1er Ministre de poursuivre les efforts et d’accélérer la mise en œuvre des projets, dans le cadre d’un plan réactualisé, pour plus d’efficacité dans la lutte contre la vie chère. C’est dans ce sens qu’Alassane Ouattara a annoncé l’institution d’ une prime spéciale en faveur des retraités correspondant au tiers de leur pension mensuelle et qui sera donnée en septembre de chaque année dès septembre 2024.
En plus de la vie chère, Guillaume Soro note l’augmentation du taux des suicides, l’explosion de la corruption dans un contexte d’impunité, une diplomatie défaillante dans la sous-région car la Côte d’Ivoire est en délicatesse avec presque tous ses voisins, en raison de l’ingérence dans leurs affaires internes et des soupçons que la Côte d’Ivoire soit utilisée comme base d’opération pour leur déstabilisation. Une situation qui, selon lui, contraste fortement avec la politique de bon voisinage mise en œuvre par le Président Félix Houphouët-Boigny.
Autrefois alliés, Alassane Ouattara et Guillaume Soro ne sont plus sur la même longueur d’onde depuis 2019 lorsque ce dernier a refusé d’adhérer au RHDP et a démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale avant de créer son propre parti, Génération des Peuple Solidaires( GPS). Condamné à perpétuité par la justice ivoirienne, il vit en exil depuis décembre 2019. En avril 2024, les deux hommes ont échangé au téléphone. Beaucoup d’observateurs y avaient perçu un début de décrispation. Mais le pont ne semble pas très solide pour les rapprocher sérieusement.
Dan Opéli