Le jeudi 12 mars 2020, Alassane Ouattara a imposé, sous des allures de démocratie, Amadou Gon Coulibaly, son homme-lige, comme candidat à la présidentielle du samedi 31 octobre 2020 pour le compte du RHDP, la majorité au pouvoir.
Par cet acte unique dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, le chef de l’État espérait sortir par la grande porte après deux mandats et frapper, sans doute, deux grands coups politiques, en coupant l’herbe sous les pieds de son homologue guinéen et de son ex-allié du PDCI-RDA.
En effet, Alpha Condé, le président de Guinée Conakry, était accusé de vouloir remettre les compteurs à zéro pour solliciter un troisième mandat. Quant à Henri Konan Bédié, il était soupçonné de nourrir des velléités de candidature.
En se montrant beau joueur pour passer la main à « une nouvelle génération », Ouattara croyait pouvoir faire habilement d’une pierre deux coups.
Mais il a fait chou blanc. En Guinée, le référendum du dimanche 22 mars 2020 a adopté une nouvelle Constitution qui n’empêche pas Condé, élu le 7 novembre 2010 et réélu le 11 octobre 2015, de briguer, à 82 ans, un autre mandat en 2020.
Le samedi 20 juin 2020, autre coup de massue en Côte d’Ivoire. Bédié a accepté d’être, à 86 ans, candidat de son parti pour la course à la présidentielle à l’effet, a-t-il dit, d’accomplir « une mission de salut public ».
Et c’est Ouattara qui doit se trouver dans un profond embarras. Son joker pour le scrutin donne des sueurs froides. Parti à Paris, le samedi 2 mai 2020, pour un banal « contrôle médical » routinier, Amadou Gon Coulibaly poursuit son séjour parisien après la coronarographie et la pose de stent.
Dans ce flou, une rumeur, véhiculée le mardi 2 juin 2020 et attribuée au bimensuel La lettre du continent, a secoué la classe politique. Elle annonçait que Ouattara briguerait un troisième mandat.
Était-ce un ballon d’essai pour sonder le terrain!? Personne n’a oublié la condition, sous forme de chantage, du chef de l’État, le samedi 30 novembre 2019 à Katiola, chef-lieu de la région du Hambol.
« Mon intention est de transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Mais il faut que ceux de ma génération se mettent de côté. S’ils décident de se présenter, alors, je vais me présenter », déclarait-il.
Et il est bien parti pour franchir, à 78 ans, le rubicon pour un troisième mandat, malgré toutes les réserves de ses proches et conseillers quant à son éligibilité.
Car Bédié, un de sa « génération », s’est déjà porté candidat. Il reste très amer, non seulement pour son renversement, par coup d’État militaire, le vendredi 24 décembre 1999, un an avant la fin de son premier mandat, mais de sa spoliation présumée de 600.00 voix au premier tour de la présidentielle du dimanche 31 octobre 2010.
Laurent Gbagbo, l’autre de sa « génération », peut aussi, à 75 ans, ruminer sa revanche politique pour le dernier round électoral.
Déclaré vainqueur et investi, le samedi 4 décembre 2010, par le Conseil constitutionnel, à l’issue du second tour de la présidentielle du dimanche 28 novembre 2010, il a été bombardé et déchu, le lundi 11 avril 2011, pour être transféré à la CPI, le mercredi 30 novembre 2011.
Il y est en ballotage très favorable. En compagnie de Charles Blé Goudé, il a été acquitté, le mercredi 15 janvier 2020, de toutes les charges.
Et, libre de tous ses mouvements depuis le jeudi 28 mai 2020, il pourrait rebondir à l’issue de l’audience de la Chambre de la Cour, ouverte le lundi 22 juin 2020, pour déterminer si son procès peut reprendre, comme le souhaite Fatou Bensouda, procureure de la CPI qui a interjeté appel, ou s’il est définitivement clos devant la vacuité de l’accusation.
F. M. Bally