A Moscou, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a indiqué que son pays ne permettrait à aucun Etat de lui imposer ses partenaires. Une déclaration
La Russie poursuivra sa collaboration avec le Mali en vue de renforcer les efforts de stabilisation des autorités en place. C’est ce qui ressort d’une conférence de presse conjointe organisée le jeudi 11 novembre, à Moscou, entre les ministres des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, et russe Sergueï Lavrov.
Face aux journalistes, le chef de la diplomatie russe a réaffirmé le soutien de son pays aux autorités maliennes, en pleine transition vers des élections démocratiques. « Nous avons convenu de renforcer le dialogue politique qui se déroule de façon tout à fait positive. Monsieur le ministre m’a décrit la situation interne au Mali, il m’a parlé de l’accord conclu avec les autorités algériennes, et de la situation sur le terrain telle qu’elle est, avec l’activité des groupes terroristes dans le nord du pays qui ne permet pas de mettre en place les conditions normales d’une campagne électorale et les dates de ces élections devraient être définies, avant la fin de cette année », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « nous comprenons bien la nécessité de renforcer le potentiel de lutte antiterroriste et nous fournissons au gouvernement du Mali un certain nombre de munitions, et nous allons tout faire pour éviter que la menace terroriste ne pèse sur la structure de l’Etat ».
Ces déclarations interviennent alors que l’actuel gouvernement de transition au Mali subit une forte pression de la communauté internationale pour l’organisation d’élections en février 2022, conformément aux engagements pris. Estimant que les conditions ne sont pas réunies pour respecter ces échéances, Bamako avait annoncé à ses partenaires son intention de ne pas tenir ces élections. Une décision qui lui avait valu des sanctions de la part de la CEDEAO qui a appelé la communauté internationale à faire de même jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel dans le pays.
« Nous avons souhaité que les Maliens puissent dans le cadre d’un dialogue, convenir d’une feuille de route pour pouvoir terminer cette transition par des élections transparentes et credible, et nous espérons que nos partenaires de la CEDEAO, de l’UA et des Nations unies puissent faire preuve de plus de compréhension. Parce qu’aujourd’hui, les sanctions imposées à notre pays lors du dernier sommet de la CEDEAO ne sont pas des sanctions qui aident à avancer », a d’ailleurs commenté le ministre Abdoulaye Diop. Et d’ajouter : « ces sanctions ne peuvent que fragiliser une situation qui est déjà complexe ».
Renforcement des relations russo-maliennes sur fond de détérioration des relations franco-maliennes
Développant ses propos, Sergueï Lavrov a commenté l’évolution récente des relations entre la France et le Mali. Il a notamment déploré le retrait de l’armée française des « zones où les terroristes ont de plus en plus les mains libres », compliquant selon lui, la situation sécuritaire du pays. Ainsi, indique-t-il, la Russie « poursuivra son soutien aux forces maliennes en leur fournissant des équipements, et en formant les officiers supérieurs par notre ministère de la Défense ». Ce, tout en continuant à nier l’implication du gouvernement russe dans d’éventuelles négociations entre les autorités maliennes et des « compagnies privées de sécurité ».
De son côté, le ministre Diop soulignant la gratitude du Mali pour les actions sécuritaires menées par la France jusque-là, a tenu à réaffirmer la souveraineté de son pays dans le choix de ses partenaires. « La relation entre la Russie et le Mali est une relation d’Etat à Etat. Et le Mali ne permettra à aucun Etat ou à aucune institution de lui dire avec qui il peut traiter », a-t-il indiqué. Une déclaration qui fait écho aux inquiétudes de plusieurs dirigeants européens concernant le rapprochement russo-malien.
D’ailleurs, Moscou souhaite étendre sa coopération avec Bamako au-delà du secteur sécuritaire, tout en la plaçant sous le signe du renforcement global des investissements en Afrique, conformément aux résolutions prises lors du sommet Afrique-Russie de Sotchi en 2019. D’après les deux ministres, de nouveaux investissements russes sont attendus au Mali dans les secteurs de l’énergie, de la technologie agricole, de l’exploration des sols, des télécommunications. Un renforcement de la cooperation, qui devrait être marqué par une prochaine visite du ministre Sergueï Lavrov au Mali, à une date qui n’a cependant pas été précisée.
Moutiou Adjibi Nourou