En l’espace de vingt ans, le paiement mobile a fait son chemin sur le continent, porté par un large éventail d’offres.
C’est devenu l’un des principaux moteurs de la croissance d’Orange. L’Afrique et le Moyen-Orient, dont les revenus, en 2018 (5,2 milliards d’euros), représentaient 12 % du chiffre d’affaires mondial du groupe, dynamisent les performances de l’opérateur depuis plusieurs mois. Présent dans dix-neuf pays du continent, avec plus de 124 millions de clients, il y commercialise une panoplie de services, outre ses forfaits télécoms. Parmi eux, des services de paiement mobile, qui remportent un vif succès et seront complétés, au cours de l’année 2020, par une offre bancaire.
Payer sa facture d’électricité, ses frais d’inscription à l’université, le carburant à la station-service, les salaires des employés ou des fonctionnaires… En vingt ans, le paiement mobile a fait son chemin sur le continent africain, porté par les grands opérateurs implantés localement à l’instar d’Orange, de MTN, de Vodafone ou d’Airtel, et pèse désormais jusqu’à près de la moitié du produit intérieur brut dans certains pays. « Pourtant, lorsque nous avons lancé Orange Money en 2008, notre offre de paiement et de transfert d’argent par téléphone, peu de gens y croyaient. Aujourd’hui, nous réalisons 20 % de nos revenus en Côte d’Ivoire grâce à ce service », observe Mamadou Bamba, directeur général d’Orange Côte d’Ivoire, lors d’une conférence au salon Africacom, en Afrique du Sud, où Le Monde a été invité.
Si l’incursion de l’opérateur historique dans les services financiers en France, avec le lancement d’Orange Bank en 2017, connaît des débuts plutôt timides, c’est loin d’être le cas en Afrique, où Orange Money compte à ce jour 45 millions de clients, dont plus de 15 millions utilisent le service chaque mois. Un succès en partie dû à l’accessibilité de l’offre, qui permet à de nombreux Africains exclus du système bancaire d’effectuer, en quelques secondes, des transactions sécurisées, et ce même avec un téléphone compatible uniquement en 2G.
En 2018, ce segment représentait ainsi 334 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le groupe, soit 6,4 % des revenus d’Orange en Afrique. Un poids encore modeste, certes, mais qui profite d’un fort dynamisme. « Nos ventes augmentent de 30 % en moyenne par an. En comptant nos seuls clients actifs, nous avons un taux de pénétration de 13 % sur ce marché. Cela laisse encore beaucoup de marge », note Alioune Ndiaye, le patron du groupe pour toute l’Afrique et le Moyen-Orient, qui ambitionne de franchir le cap des 800 millions d’euros de ventes sur ce segment en 2023.
« Nous nous appuyons simplement sur nos atouts »
L’opérateur mise sur le lancement de services bancaires pour accélérer son développement sur le continent et attirer de nouveaux clients. A cette fin, il a obtenu le feu vert de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui lui permettra de proposer, d’ici à l’été 2020, de nouveaux produits aux particuliers tels que l’épargne, le picocrédit (moins de 100 euros) ou le microcrédit (100 à 500 euros).
De belles perspectives de croissance pour l’opérateur, qui n’en oublie pas pour autant ses fondamentaux : « Construire des réseaux reste malgré tout notre cœur de service. Ils sont indispensables pour supporter l’augmentation du trafic des données. Nous nous appuyons simplement sur nos atouts, les réseaux, pour proposer d’autres services », explique M. Ndiaye.
Encore faut-il que les clients potentiels de ces services disposent des appareils pour y accéder. Avec un revenu moyen par habitant de 100 dollars (90 euros) par mois, le coût d’un téléphone mobile constitue encore un frein important à l’achat. Afin d’y remédier, Orange, comme son concurrent MTN, commercialise depuis plusieurs mois des « smart feature phones », des téléphones minimalistes à petit prix, qui embarquent uniquement les applications les plus populaires pour l’utilisation d’Internet (YouTube, Facebook, Google, WhatsApp…).
La formule semble être probante. MTN revendique près de 500 000 exemplaires vendus depuis 2018, tandis qu’Orange précise avoir observé des ruptures de stocks dans six des pays où le Sanza (son modèle 3G à 20 dollars, qui sera suivi dès décembre d’un modèle 4G à 28 dollars) a été lancé.