Le groupe public français SNCF, qui fait plus de 30% de son chiffre d’affaires à l’international, a des ambitions africaines. La SNCF et ses filiales sont sur deux projets de transports publics au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Et le groupe a aussi tissé des liens avec les transporteurs d’Afrique du Nord.
«Nous avons aujourd’hui des partenariats très forts avec l’Afrique du Sud, avec l’Afrique de l’Est, avec le Maroc, mais on est en train de remettre le pied en Afrique de l’Ouest», affirme le secrétaire général de la SNCF, Stéphane Volant. Pour preuve, avec le TER de Dakar ou le métro d’Abidjan, la Société nationale des chemins de fer français investit en Afrique. Elle propose aux villes africaines son savoir-faire et développe de nouveaux concepts de mobilité urbaine, espérant conquérir de nouveaux marchés. En effet, la SNCF, ce ne sont pas que des trains, c’est aussi un savoir-faire qu’elle tente d’exporter à travers ses filiales.
En Côte d’Ivoire, «financé à 100% par la France – à hauteur de 1,4 milliard d’euros –, le premier tronçon de 37,5 kilomètres reliera la commune d’Anyama au nord à Port-Bouët dans le sud d’Abidjan en 50 minutes», précise Jeune Afrique. Ce train urbain devrait entrer en service en 2022. La SNCF est partenaire du projet dans le cadre d’un consortium français (Bouygues Travaux Publics pour le génie civil, Colas Rail pour les voies et systèmes, Alstom pour les rames et la signalisation et Keolis (filiale de la SNCF) pour l’exploitation et la maintenance).
TER à Dakar
Même impulsion étatique pour le projet de transport public à Dakar où le TER de la capitale sénégalaise a été mis sur rail après une rencontre entre les chefs d’Etat des deux pays. «A l’occasion de la visite d’Etat en France du président de la République du Sénégal, Macky Sall, SNCF et RATP ont confirmé leur engagement d’accompagner le Sénégal sur son projet de Train Express Régional (TER) à Dakar. Un accord cadre a ainsi été signé à l’Elysée mardi 20 décembre 2016, en présence des deux présidents, de Guillaume Pepy, président du Directoire de SNCF, et d’Elisabeth Borne, PDG de la RATP» (devenue depuis ministre des Transports, NDLR), affirmait le communiqué de la SNCF de décembre 2016.
«On a à la fois un projet structurant ferroviaire suburbain avec le projet du TER, et un projet de BRT, Bus à haut niveau de service, selon la terminologie française, qui desservira plutôt le nord de la métropole de Dakar. On a vraiment cette articulation entre deux projets structurants qui est quelque chose de très particulier et qui nous intéresse beaucoup», confirme le monsieur Afrique sub-saharienne de la SNCF, Frédéric Bardenet.
La filiale d’ingénierie de la SNCF et de la RATP, Systra, intervient par ailleurs sur de nombreux chantiers à travers le continent. Au Gabon, la société a été maître d’œuvre de la modernisation du Transgabonais, ligne mythique qui relie Libreville et Franceville, distantes de plus de 650 kilomètres. En Ethiopie, elle assure en tant qu’assistant à maître d’ouvrage la réalisation de la ligne ferroviaire Awash-Hara.
TGV au Maroc
L’Afrique sub-saharienne n’est pas le seul terrain de développement de la SNCF en Afrique. Le groupe public a passé de nombreux partenariats avec les compagnies ferroviaires d’Algérie, de Tunisie et du Maroc.
Les compagnies française et tunisienne (SNCFT) de chemins de fer vont travailler ensemble dans plusieurs domaines: la formation, l’ingénierie ferroviaire et de maintenance, les activités voyageurs (gestion accueil, information), le fret, la logistique, la sûreté avec la création immédiate d’une entité opérationnelle, l’assistance technique. En Algérie, la SNCF et la SNTF, Société nationale de transport ferroviaire algérien, ont signé un accord de partenariat dans la formation, l’ingénierie ferroviaire, le transport de voyageurs, la logistique et le fret.
Mais c’est au Maroc que la coopération est la plus aboutie puisque le royaume devrait voir bientôt rouler les rames du premier TGV d’Afrique. Ce TGV a été mis sur rail avec l’aide de la SNCF. «Les entreprises françaises ont été fortement impliquées (SNCF, Egis, Systra, Cegelec, Ansaldo, Engie et Colas Rail) en plus de la fourniture des rames TGV par Alstom. La SNCF est associée dans une coentreprise avec son homologue marocain, l’ONCF (office national des chemins de fer) à la construction d’un atelier de maintenance des TGV à Tanger-Moghogha», rappelle BFMbusiness.
Pour le patron de la SNCF, ce développement international est un motif de fierté. «C’est la reconnaissance de notre expérience, du savoir-faire des salariés – pourquoi ne pas le dire – de la puissance de l’entreprise. SNCF est une entreprise qui parfois se dévalorise. Et, en France, on nous reproche souvent de n’être pas choisis mais plutôt d’être subis… Or, être sélectionnés dans de grands appels d’offres et remporter des marchés à l’international, cela prouve au public que l’on a été les meilleurs», disait Guillaume Pepy en septembre 2017.