Abou Karamoko, président de l’université Félix Houphouet Boigny (FHB) d’Abidjan Cocody a opté pour le bras de fer avec les enseignants de la Coordination Nationale des Enseignants Chercheurs et Chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC) suite à la grève initiée par ces derniers relativement à la question des heures supplementaires.
Tous les enseignants, membres du Bureau Exécutif National (BEN) de la CNEC, section Cocody ont vu leurs salaires suspendus par le président de l’université FHB. Pis ce dernier, Abou Karamoko, a tenu une réunion mercredi 03 octobre 2018 avec les étudiants délégués d’amphithéâtre au cours de laquelle il a exhorté ces derniers à ‘‘frapper’’ tout enseignant qui les empêcherait de faire cours ce jeudi 04 octobre, date de reprise des cours selon lui. L’information est confirmée par la CNEC qui tenait une conférence de presse jeudi 04 octobre et par plusieurs étudiants, délégués d’amphithéâtre joints par téléphone. Quant à la présidence de l’université, elle refuse, pour l’heure de communiquer. Notre demande d’information déposée au bureau du secrétaire général depuis trois semaines reste comme lettre morte à la poste. La pomme de discorde : Abou Karamoko, arrivé à la tête de cette institution, vendredi 22 juillet 2016, a changé le mode de calcul des heures supplementaires de façon unilatérale.
Mode de calcul des heures complémentaires
L’université FHB d’Abidjan a, de tous temps, admis que 30 étudiants s’avèrent raisonnables pour constituer un groupe de Travaux Dirigés (TD) tandis que les Cours Magistraux (CM) accueillent tout l’effectif du niveau dans un amphithéâtre. Ainsi, le mode de calcul des heures complémentaires s’établit comme suit : soit 1000 étudiants en première année. Ce chiffre est divisé par 30 pour obtenir le nombre de groupe de TD (33). Le chiffre obtenu est multiplé par le volume horaire des TD. Soit 15 heures pour un enseignant qui a 25 heures de cours dont 10 heures de CM (495). L’enseignant de rang B (assistant, maître assistant) qui a 10 heures de CM multiplie ce chiffre par 1,6 tandis que celui de rang A (maître de conférences, professeur titulaire) multiplie 10 par 0,8. Précisons que les CM ne tiennent pas compte du nombre d’étudiants inscrits. Ces deux calculs additionnés se font pour chaque niveau (L1, L2, L3, Master, doctorat) et en fonction des effectifs pour obtenir le volume horaire annuel de l’enseignant auxquel il soustrait les 200 heures réglementaires qu’il doit à l’Etat ivoirien. A titre d’exemple, 1000 heures moins 200. Il obtient 800 heures qu’il multiplie par 5500 Frs Cfa pour les enseignants de rang B et 6500 Frs Cfa pour les enseignants de rang A. Soit 4 millions 400 mille Frs Cfa pour l’un et 5 millions 200 mille Frs Cfa pour l’autre. Ohouo Assépo, Téa Gokou, Aké N’gbo, Ly Ramata, se sont succédé à la présidence de cette université sans toucher ce mode de calcul d’un iota. Seul le professeur Abou Karamoko qui a, pourtant jouit de ce mode de calcul en sa qualité d’enseignant, a jugé utile de le changer de façon brutale. Pendant ce temps, le président de l’université, Abou Karamoko s’énorgueillit d’avoir fait une économie de 4 milliards Frs Cfa.
Une économie de 4 milliards Frs Cfa
De sources concordantes, Abou Karamoko se vante d’avoir réalisé une économie de 4 milliards Frs Cfa au cours de l’année académique 2015-2016. Quelle est l’origine de ces fonds et à quoi servent-ils ? La question taraude les esprits. Selon une source bien introduite, l’heure n’est pas aux déclarations en raison des braises ardentes qui couvent sous la cendre chaude. Mais plutôt aux négociations. A l’en croire, la seconde option qui consiste à communiquer après l’adversaire reste la plus efficace. Une sortie enrobée dans un discours diplomatique qui traduit une réalité implacable. Nous y reviendrons. Il se dégage de ce dossier un mépris à l’égard des enseignants accusés à tort ou à raison d’augmenter de façon délibérée les heures complémentaires. Le calcul se fait pourtant en accord avec les services de la présidence de l’université. Pour l’heure, la grêve bat son plein à l’université FHB d’Abidjan. Le professeur Abou Karamoko s’est embourbé dans un étau. Un os dans sa gorge dont il se serait bien passé. Quant aux enseignants, ils sont déterminés à obtenir les fruits de leurs labeurs. Un bras de fer dont les seules victimes sont les étudiants.
Cyrille NAHIN