Après la diffusion de ce qui convient de nommer « Affaire ivoir-Gardiennage » dans plusieurs médias, la gérante s’est exprimée, à coeur ouvert, à son cabinet sis à Abidjan. Mme Djè Amenan Kan Valentine, dénonce la rupture jugée « illégale » d’un contrat de 25 ans avec le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Elle réclame justice pour ses 101 agents laissés dans l’incertitude. Un dossier qui interpelle aussi bien les hommes de droit que l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF-CI).
Un partenariat de 25 ans rompu brutalement
Depuis plus d’un quart de siècle, Ivoir-Gardiennage assurait la sécurité de nombreux établissements scolaires du pays — de Daloa à Korhogo en passant par Abengourou et Yamoussoukro. Ce contrat, reconduit tacitement, n’avait jamais connu de rupture.
Mais le 9 mai 2025, la société apprend, par un appel alarmant de ses agents à Abidjan, qu’elle a été remplacée par King Sécurité, qui a sommé le personnel de porter ses uniformes sous peine de renvoi.
Interpellé, le sous-directeur de l’Administration et des Finances du ministère, M. Coulibaly Papa, a d’abord nié être informé, avant de changer de ton face à l’insistance de la direction.
Aucune notification officielle reçue
La direction d’Ivoir-Gardiennage affirme n’avoir reçu aucune mise en demeure, ni notification de rupture, alors que le contrat stipule clairement l’obligation de deux mises en demeure suivies d’une lettre de cessation.
Paradoxalement, la société continuait de recevoir des courriers officiels du ministère en janvier et mars 2025 relatifs au traitement des salaires, preuve que le contrat était encore en vigueur à ces dates.
Face à ce flou, plusieurs responsables d’établissements publics, dont le Lycée moderne de Treichville et le Lycée municipal de Williamsville, ont refusé de collaborer avec King Sécurité, exigeant un courrier officiel attestant l’attribution du marché.
Des démarches sans suite
En juin 2025, Ivoir-Gardiennage a saisi l’Autorité de régulation des marchés publics (ARCOP), puis relancé en juillet, sans réponse.
Du côté du ministère, le nouveau responsable des marchés, M. Koné Karmon, avait promis un retour après échange… qui ne viendra jamais. Pire encore, les factures d’Ivoir-Gardiennage ont été rejetées sous prétexte d’un prétendu « conflit » avec la Direction des affaires financières, accusation que Mme Djè qualifie de « totalement infondée ».
Des incohérences flagrantes
Trois éléments viennent renforcer l’argument de la société :
● le 14 janvier 2025, elle reçoit une demande officielle de recensement de ses agents, alors que son contrat était censé avoir pris fin le 31 décembre 2024 ;
● le 14 mars 2025, une nouvelle demande d’attestation bancaire lui est adressée pour confirmer sa capacité financière ;
● les attestations de présence de ses agents, de janvier à mars 2025, ont été signées par le Directeur des Affaires financières lui-même.
Les demandes de la société
Mme Djè réclame :
●le paiement des prestations déjà exécutées ;
● le respect des procédures légales en cas de rupture de contrat, afin d’informer officiellement ses agents et de prendre les dispositions nécessaires.
« Une affaire de justice et de dignité »
Pour la gérante, ce combat dépasse le cadre administratif :
« Il s’agit de transparence, de justice et de dignité. Je me bats pour mes 101 agents et leurs familles, aujourd’hui dans l’angoisse et l’incertitude. »
Un dossier sensible qui met le MENA face à ses responsabilités et qui, selon les observateurs, pourrait rapidement prendre une tournure judiciaire.
Nunva PIERROT, infos avec lepointsur.com