Sanogo Moussa(38 ans), Sangaré Daouda(25 ans) et Ouattara Boukari(36 ans) sont des gardes pénitentiaires en service à la maison d’arrêt et de correction de Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Depuis le mardi 10 janvier 2018, ils sont incarcérés pour plusieurs mois dans leur lieu de service. Ce qui leur vaut d’être enfermés parmi ceux qu’ils sont sensés surveiller, c’est qu’ils sont reconnus par le tribunal de première instance de Man (dont ils dépendent professionnellement) de séquestration, coups et blessures et tentative d’extorsion de fonds sur la personne de Guipama Adama dans la nuit du 24 au 25 décembre 2017 à Kéhibly dans le département de Kouibly.
Selon les faits rapportés devant le juge, Sanogo Moussa, invité par son beau-frère pour la fête de Noël dans le village de Kehibly s’est fait accompagner par deux de ses collègues, Daouda et Boukari. Les signes de super-flics que les trois gardes montrent dès leur arrivée dans l’après midi du 24 mettent en branle tous les jeunes voyous du village qui leur font de la place partout où ils passent.
Après avoir fait la fête jusqu’aux environs de minuit, Moussa et ses gars étaient en partance pour la maison lorsqu’ils ont aperçu Adama en train de fumer dans une pénombre devant son bar. Ils se ruent sur lui et l’accusent d’être en train de fumer du cannabis. Ce dernier qui parvient à se dégager des griffes des hommes de la loi prend la poudre d’escampette. Mais, poursuivi par Sanogo, il est pris dans un bas-fond qui l’a embourbé dans sa fuite. Conduit chez le chef du village qui se trouve être le beau-père de Sanogo Moussa, Adama est menotté à un apatame puis copieusement bastonné par les trois gardes. Et ce, sous le regard indifférent du chef du village. Pour sa libération, les trois gardes, après une perquisition sans résultat au domicile de leur prisonnier, exigent la somme de 100.000 F.CFA.
Révoltée par les agissements de ces justiciers d’un nouveau genre, la jeunesse Burkinabée du village dont est membre le malheureux Adama fait une descente chez le chef du village le lendemain matin, pour manifester leur indignation. Une patrouille de la gendarmerie nationale de passage dans le village pendant ce temps tombe sur la scène et finit par interpeller les trois gars qu’ils ont embarqués.
Après deux semaines de garde à vue, ils étaient donc devant le juge le mardi 10 janvier 2018. Ils ont tous nié les faits qui leur étaient reprochés. Mais le tribunal ne les a pas crus. Ils ont donc été condamnés pour leur comportement du 24 nuit à 5 mois de prison ferme pour Sanogo Moussa, le chef de fil et 3 mois fermes pour Sangaré Daouda et Ouattara Boukari, ses collègues.
Issa M. Doumbia