Zemmour a maintenant trois semaines pour cranter sa candidature, s’imposer comme le rival d’Emmanuel Macron, avant la trêve de Noël
Eric Zemmour a donc choisi un nom belliqueux pour son parti : « Reconquête ! ». Une belle référence à la « Reconquista » chrétienne espagnole face aux Almoravides et aux Almohades pendant le Moyen-Âge. Cela fait quelques années que Sarah Knafo, sa très proche conseillère, l’avait en tête. A l’origine, ce devait être le nom de la Convention de la droite, le grand raout d’Eric Zemmour et Marion Maréchal, qui avait eu lieu en septembre 2019. Mais l’entourage de l’ancien journaliste du Figaro voulait garder précieusement ce nom pour la campagne présidentielle.
Deux ans plus tard, Eric Zemmour est candidat. Ce dimanche 5 décembre, il a tenu son premier vrai meeting. Près de 13 000 personnes sont venues le voir au parc des expositions de Villepinte. Il y avait quelques dizaines de chaises vides sur les côtés. Orchestrée par Olivier Ubéda, la scénographie était épique.
La mue du polémiste Zemmour en candidat a-t-elle commencé ? L’essayiste radical était en veste, cravate avec, nouveauté, de petites lunettes sur le nez. « Le grand rassemblement commence enfin aujourd’hui. 15 000 Français qui ont bravé le politiquement correct, les menaces de l’extrême gauche et les médias », dit-il. « Ne faisons pas de fausse modestie. Si je gagne, ce ne sera pas une alternance de plus, mais le début de la reconquête du plus beau pays du monde », assure le tout frais candidat.
« Ben voyons ». Eric Zemmour, souriant à la tribune, a parlé de lui. « Je suis brutal ? J’ai voulu imposer la question de la survie de la France. Si j’avais eu tort, pensez-vous que tous les autres parleraient comme moi ? », plaide-t-il. « Fasciste, fasciste, fasciste ? Alors moi fasciste ? Vous avez raison, ben voyons… » , continue-t-il. « Et puis je serais misogyne, alors là… Accusation ridicule » , tente-t-il. « Et je serais raciste… Moi le petit berbère né de l’autre côté de la Méditerranée ».
Le meeting ne s’est pas déroulé dans le plus grand calme. Des journalistes de l’émission Quotidien ont été bousculés par des membres du public d’Eric Zemmour et des affrontements entre « antifas » et militants du candidat ont eu lieu au fond de la salle du meeting.
Commencer sa campagne présidentielle par une démonstration de force, voilà le réel enjeu de l’entourage d’Eric Zemmour. C’était surtout l’occasion pour le candidat de présenter ses alliés politiques. Plusieurs intervenants ont annoncé leur soutien sur scène : Vijay Monany, ex-LR de Seine-Saint-Denis, chef de cabinet du maire du Blanc-Mesnil ; Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur (ex-Sens commun) ; Paul-Marie Coûteaux, ami de vingt ans d’Eric Zemmour ; Jacline Mouraud, ex-égérie des Gilets jaunes ; Franck Keller, ex-conseiller municipal LR (ex-UMP) de Neuilly-sur-Seine ; Agnès Marion, militante historique du Front national, ancienne candidate RN aux municipales de 2020 à Lyon ; Jean-Frédéric Poisson, président de VIA (ex-PCD). Excepté Jacline Mouraud, ces soutiens représentent le cœur nucléaire des forces politiques conservatrices, ou réactionnaires. Au premier rang, il y avait aussi Jean Messiha et Sarah Knafo.
Une première réunion fondatrice des plus grands soutiens politiques – Jean-Frédric Poisson, Laurence Trochu – a eu lieu mercredi 1er décembre au siège de campagne d’Eric Zemmour. Charles Millon, ancien ministre de la Défense et mouton noir de la droite depuis son alliance avec le FN aux régionales de 1998, était aussi présent. Mais présence ne veut pas dire ralliement. Charles Millon n’est pas venu au meeting de Villepinte. Son soutien officiel avait été annoncé dans les médias, mais à L’Incorrect, mensuel de droite conservateur, il avait précisé : « Ce n’est pas la première fois que mon ralliement est annoncé par les médias. Partisan de toujours de l’union des droites, je rencontre tous les chefs de file et les candidats. Je me prononcerai en temps et en heure. »
Eric Zemmour a maintenant trois semaines pour cranter sa candidature, s’imposer comme le rival d’Emmanuel Macron, avant la trêve de Noël. Selon nos informations, le candidat a trouvé un directeur de campagne. Ce sera Bertrand de la Chesnais, général de corps d’armée à la retraite. Il avait été candidat – sans étiquette – aux municipales de 2020 à Carpentras, terre de droite et frontiste par excellence. Pour sa campagne, il avait été soutenu par le RN de Marine Le Pen, le PCD de Jean-Frédéric Poisson et le CNIP de Bruno North. Il avait mené campagne sur le thème de l’union des droites, une sorte de candidat zemmouriste avant l’heure. Mais ce fut un échec : qualifié pour le second tour des élections, il fut battu avec 39,17 % des voix contre le maire sortant Serge Andrieu (divers gauche). Sera-t-il l’homme de la situation ? La croisade d’Eric Zemmour, elle, a bien commencé.
Source : L’Opinion.fr